Après des décennies d’expérience et malgré le savoir-faire de plus de 1 500 personnes dédiées à la bonne marche d’un tournoi d’envergure, lorsque Dame Nature a décrété une pause, il n’y a rien à faire.  

Catastrophe ?

Non, répond simplement Eugène Lapierre, directeur du tournoi de Montréal et membre de cette organisation depuis 29 ans. Lorsqu’on lui demande comment il réagit lorsque la météo devient menaçante, il répond avec un air zen : « Ben… on attend qu’il pleuve. C’est tout. »

De toute évidence, le mot « panique » ne fait plus partie du vocabulaire depuis longtemps. Et il prône un principe bien simple, ne pas gaspiller d’énergie sur les choses qu’on ne contrôle pas. On surveille les prévisions d’Environnement Canada à l’aide d’images radar et on attend.

« On me pose la question chaque année depuis plus de deux décennies : “Que faites-vous quand il pleut ? ”. Eh bien… on arrête de jouer ! », dit-il avec un sourire en coin. Ensuite, on attend qu’il arrête de pleuvoir, on assèche les terrains, et on recommence. Ça, c’est la base et on ne peut pas faire autrement. »

Toujours avec un air de joyeux philosophe, il cite Rafael Nadal qui rencontra un jour un puissant serveur l’ayant poivré de plusieurs as. « Quand un journaliste lui a demandé ce qu’il faisait dans une telle situation, Nadal a simplement répondu : “Eh bien, j’attends que ça passe !”… Voilà, c’est comme la pluie. », de conclure Lapierre, en rigolant.

L’assèchement

Rares ont été les éditions épargnées par la pluie. L’équipe est donc bien rodée.

Avec une bonne logistique et l’évolution de la technologie, on réussit à assécher les terrains très rapidement. Souvent en 15 ou 20 minutes.

Mais lorsque la pluie est plus abondante, toutes les ressources sont utilisées. Depuis la bonne vieille serviette aux rouleaux absorbants, en passant par ces imposants séchoirs que l’équipe appelle amicalement « Ghostbusters », en souvenir des dispositifs anti-fantômes du célèbre film du même nom. Si chacune de ces 16 machines vaut entre 3 000 $ et 4 000 $, il faut avouer qu’elles justifient l’investissement.

Le mot « fierté » revient souvent dans les propos du grand patron, car tout le monde met la main à la pâte. Il n’est pas rare de voir des dirigeants se joindre aux bénévoles pour empoigner une serviette ou rediriger les efforts.

Sur ce cliché, tout juste à droite de M. Lapierre, les deux autres personnes sont, dans l’ordre, William Coffey, juge-arbitre du tournoi, ainsi que Nicolas Joël, directeur du Stade IGA. Ça veut tout dire.

Les problèmes d’horaire

Malgré les problèmes de retard et d’annulation engendrés par la pluie, on réussit en général à livrer le programme et à terminer le tableau.

Sauf en 2010, alors que la pluie avait été particulièrement abondante. Au point d’empêcher toute activité tant le samedi que le dimanche. On avait donc disputé les demi-finales et la finale le lundi 23 août. Caroline Wozniacki avait alors battu Vera Zvonareva lors du match de championnat.

Mais ce n’est pas l’anecdote la plus étonnante, toutefois.

« Une année, la finale du double avait été interrompue par la pluie et on l’a terminée dans un autre pays !, de rappeler Lapierre en souriant. À l’époque, notre tournoi était programmé plus tard, tout juste avant les Internationaux des États-Unis. Alors tout le monde était parti à New York pour y disputer la finale du double d’un tournoi canadien. L’arbitre avait apporté les balles du match dans ses bagages. »

Le « fameux » toit

Forcément, la question qui revient inévitablement, année après année, c’est le fameux toit dont on aimerait recouvrir le Court central afin d’éviter une partie des inconvénients. « Nous étions près d’un dénouement, il y a trois ans, mais la pandémie a tout chamboulé sur le plan monétaire, bien évidemment, souligne le directeur du tournoi. Il faudrait refaire tous les calculs. On le souhaite, mais je ne crois pas pouvoir faire d’annonce dans un avenir rapproché. Toutefois, la bonne nouvelle, c’est qu’on reçoit des signaux encourageants des circuits professionnels qu’on est là pour un bon bout de temps. Mais, on le voit bien avec les changements climatiques, que ce soit les orages abondants ou l’extrême chaleur, il faut que l’on continue de penser à l’installation d’un toit et, donc, à la protection de notre spectacle. »

En attendant, on ne perd pas le sourire et on fait confiance aux humains (et aux « Ghostbusters ») pour se mettre bien au sec.

         

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