Photo: Martin Sidorjak
Bianca Andreescu et Denis Shapovalov ont tiré leur révérence au deuxième tour de Wimbledon, jeudi. Il ne reste donc plus de Canadiens aux tableaux principaux du simple.
On avait espéré que Félix Auger-Aliassime (6e), Shapovalov (13e), Bianca Andreescu et Rebecca Marino, qui avait une rivale de premier tour à sa portée, parviendraient à se frayer un long chemin au All-England Club, mais les dieux du tennis sur gazon n’ont pas été tendres à leur égard.
Les Canadiens n’ont pas à être gênés de leurs performances, car ils ne sont bien battus. Jeudi, Andreescu a tout donné dans une défaite de 6-4 et 7-6(5) aux mains de la Kazakhe Elena Rybakina (17e), tandis que Shapovalov a dû s’avouer vaincu 6-2, 4-6, 6-1 et 7-6(5) par le solide jeu de l’Américain Brandon Nakashima. Shapovalov a révélé par la suite qu’il souffrait d’une blessure à l’adducteur gauche et qu’il devait prendre des analgésiques pour jouer.
Le duel entre Andreescu et Rybakina nous a offert des coups spectaculaires, les deux joueuses s’en donnant à cœur joie pour produire de puissants coups droits et revers, et souvent avec des angles époustouflants.
Rien ne les séparait lors des neuf premiers jeux, mais Andreescu a vacillé alors qu’elle servait à 4-5, offrant la manche à Rybakina sur un plateau d’argent.
Les deux protagonistes se sont échangé des bris de service au début et à la fin du deuxième acte — Rybakina a réussi un bris pour mener 5-3, puis Andreescu a immédiatement répliqué avec un sensationnel retour du coup droit pour faire 4-5. Elle a ensuite remporté son service pour créer l’égalité à 5-5.
Lors du jeu décisif, il y avait déjà eu des bris des deux côtés lorsqu’Andreescu s’est amenée au service à 4-5. Elle semblait avoir remporté le point, mais Rybakina a contesté un deuxième service et il était long — une double faute. La marque était donc 6-4 pour la Kazakhe — double balle de match. Deux points plus tard, le duel d’une heure et 37 minutes s’est terminé sur un coup droit raté de la Canadienne.
Les statistiques du match ne révèlent pas grand-chose sur les joueuses : Andreescu a eu un ratio coups gagnants/fautes directes de 21/18, tandis que celui de Rybakina était 23/21.
Le pourcentage de premiers services gagnés par Rybakina (80 %) comparativement à celui d’Andreescu (65 %) a probablement été déterminant.
« Je ne m’attendais pas à ce que son service soit aussi bon, a avoué Andreescu. Je ne devrais pas dire ça, parce que j’essaie de ne pas avoir d’attentes. Cependant, voir les joueuses à la télévision et les affronter sur le terrain peut être très différent. À la télé, son service ne semblait pas… Elle était assez solide des deux côtés. Elle a disputé un très bon match. »
Même si le match a été serré, le fait que Rybakina parvienne si bien à frapper sur une surface qui amorti le rebond de la balle suggère qu’Andreescu aurait plus de succès que la 23e mondiale sur surface dure où la balle rebondit plus haut.
Il ne faut toutefois pas oublier qu’Andreescu ne participait qu’à son septième tour moi (quatre sur terre battue et trois sur gazon) depuis avril après s’être accordé une pause de six mois à la suite d’Indian Wells au début d’octobre 2021. Son entraîneur, Sven Groeneveld, n’a pas voulu commenter sur sa joueuse immédiatement après le duel, se contentant de dire « cela prend du temps ».
En mettant les choses en perspective après les épreuves de Stuttgart, Madrid, Rome, Paris, Berlin, Bad Homburg et Wimbledon, Andreescu a mentionné : « Il y a quelques mois, je ne m’attendais pas à être à ce niveau. Je suis donc très heureuse. Évidemment, c’est décevant parce que c’est un tournoi du Grand Chelem et que je voulais vraiment bien faire.
« Je dois simplement continuer de travailler. J’ai fait environ une heure d’entraînement physique après mon match, et pas de jours de repos. Je me serais entraînée même si j’avais gagné. Je pense que mon préparateur physique me pousse un peu plus loin. Je le sens encore dans les jambes, je pleurnichais quand je faisais mes squats. Ce n’était pas joli (sourire).
« Il y a deux ans, je n’aurais pas été capable de faire ça après un match. J’aurais été trop fatiguée. Je travaille fort et la force, la flexibilité et tout ça se voit vraiment. Et pour moi, c’est tellement incroyable. Je me réveille tous les matins en étant vraiment reconnaissante.
« Je pense que nous sommes tous sur la même page. Il s’agit maintenant de savoir comment recommencer à gagner de façon régulière. »
Le calendrier estival d’Andreescu comprend les tournois de San Jose, de Toronto (Omnium Banque Nationale, de Cincinnati et les Internationaux des États-Unis.
Le duel entre Shapovalov et Nakashima a présenté les deux extrêmes du tennis. Le 16e mondial a été épouvantable à la première manche, ne produisant que quatre coups gagnants tout en commettant 14 fautes directes, alors que Nakashima était à trois coups gagnants et aucune faute directe. Le Canadien a toutefois été superbe au deuxième acte : neuf coups gagnants et une faute directe, comparativement à huit et huit pour le Californien de 20 ans.
Shapovalov semblait alors parti pour la gloire, tout comme il l’avait été dans les deux dernières manches de son match contre Arthur Rinderknech au tour précédent. Quand il s’est forgé une avance de 30-0 sur le service de l’Américain au premier jeu du troisième engagement, cela avait un air de déjà-vu. Nakashima a cependant réussi à remporter son service et le match, malheureusement pour Shapovalov, a suivi le même scénario que ses récents déboires.
« Il faisait beaucoup de deuxièmes balles de service à ce moment-là », a mentionné Shapovalov à propos de ce tournant potentiel au début de la troisième manche. « Je n’ai pas super bien joué et cela lui a permis de respirer un peu. Après ça, il a vraiment bien joué. »
La troisième manche lui a rapidement glissé des mains, mais tout n’était pas perdu pour Shapovalov au quatrième acte alors que les deux joueurs se dirigeaient vers un jeu décisif. Après un échange de bris, Nakashima a eu une balle de match à 6-5 qui a été annulée par un bon service de Shapovalov. Mais par la suite, un coup droit long et un dans le filet faisaient plier bagage au demi-finaliste de 2021.
« J’ai éprouvé des problèmes physiques aujourd’hui, a confié Shapovalov. J’ai eu un très long premier match (3 h 23) et j’ai étiré mes adducteurs pendant ce duel. J’ai donc eu un peu de mal à m’en remettre et je ne suis pas à 100 pour cent. »
De l’avis de Nakashima : « C’est (Shapovalov) un joueur redoutable — il a ses hauts et ses bas. Mais j’ai essayé de rester concentré sur mon jeu, un point à la fois, sachant qu’il allait sortir des coups incroyables, mais que j’allais aussi avoir des occasions sur son service et sur le mien. J’ai essayé de rester calme et, heureusement, j’ai pu conclure à la quatrième manche. »
Shapovalov n’est pas certain de son avenir immédiat, mais affirme qu’il ne participera pas au tournoi sur gazon de Newport la semaine après Wimbledon.
Comme l’ATP n’attribue pas de points à Wimbledon cette année, Shapovalov n’a pu défendre les 720 points qu’il avait récoltés l’an dernier, de sorte qu’il passera du 16e au 23e rang dans les prochains classements qui seront publiés le 11 juillet.
ENCADRÉ
Habituellement, avant un match, les joueurs de tennis professionnels essaient de s’isoler pour se concentrer ou font des étirements avec leur préparateur physique.
Mercredi, à 16 h 30, Carlos Alcaraz se trouvait sur les terrains d’entraînement d’Aorangi, derrière le Court 1, et prenait des égoportraits avec une quarantaine de partisans. L’Espagnol de 19 ans semblait s’amuser et répondre à toutes les demandes de signatures et de photos.
Pourtant, le match d’Angelique Kerber était commencé sur le Court 2 et Alcaraz disputait le match suivant contre le Néerlandais Tallon Griekspoor.
Cela ne semblait toutefois pas préoccuper Alcaraz. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, il était sur le terrain et s’apprêtait à signer un gain de 6-4, 7-6(0) et 6-3 contre le 53e mondial.
Photo de l’article : Martin Sidorjak