Photo : Pascal Ratthe
Attendre cinq ans et demi, c’est long, surtout pour quelque chose que l’on aime vraiment.
La plupart des athlètes professionnels vous diront que l’un des plus grands plaisirs est de jouer devant ses partisans, d’entendre leurs encouragements et de sentir qu’ils vous appuient jusqu’au bout.
Équipe Canada présentée par Sobeys a dû prendre son mal en patience avant de revivre cette expérience. Cela faisait tellement longtemps que pour trois des membres de l’équipe canadienne du week-end dernier à Montréal, c’était une première.
Qui plus est, Gabriel Diallo, Alexis Galarneau et Liam Draxl n’étaient même pas des joueurs professionnels lors de la dernière rencontre du Canada à la maison.
Milos Raonic et Vasek Pospisil étaient de retour, mais ils sont à une étape de leur carrière très différente de celle de 2018 lorsque le Canada a battu les Pays-Bas, à Toronto.
Raonic faisait alors partie du Top 20, mais aujourd’hui, il tente d’effectuer un retour sur le circuit après une absence de près de deux ans en raison de blessures. Il n’était pas physiquement en mesure de jouer le week-end dernier.
Pospisil était ancré dans le Top 100 en 2018, tandis qu’aujourd’hui, il s’accroche pour rester dans le Top 500.
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Bref, la version 2024 de l’équipe était bien différente, puisque plus de la moitié des membres était âgée de moins de 25 ans et comptait moins de participations que Raonic à la Coupe Davis (et Pospisil en a plus que ses quatre coéquipiers réunis).
Évidemment, la différence la plus flagrante entre l’équipe d’alors et celle d’aujourd’hui est le prestige et les attentes.
En 2018, le Canada était encore un joueur négligé à la Coupe Davis. Il aspirait assurément au titre, mais cinq ans s’étaient écoulés depuis sa demi-finale de 2013 et soulever le trophée semblait un rêve lointain.
En fait, il s’agissait d’une attente de quatre ans.
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Il n’y a pas que les visages qui ont changé depuis la rencontre de 2018 à Toronto. Après avoir conquis les grands honneurs en 2022, et occuper maintenant le troisième rang de cette prestigieuse compétition, les attentes sont très élevées chaque fois que l’équipe canadienne participe à la Coupe Davis. Les joueurs pensent qu’ils peuvent réussir, savent qu’ils peuvent réussir et s’attendent à être de sérieux prétendants au titre chaque année.
Pensez-vous que les amateurs les auraient crus en 2018 ?
Débuts de rêves pour Diallo
Si on avait dit aux partisans, ce week-end de septembre 2018 à Toronto, que la prochaine fois que l’équipe jouerait à domicile, Gabriel Diallo serait le héros de la rencontre, ils auraient répondu : « Qui ? ». Et avec raison.
En septembre 2018, Diallo étudiait encore à l’école secondaire. Il était à un an d’amorcer sa carrière dans la NCAA pour l’université du Kentucky.
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Le week-end dernier, le Montréalais prenait part à sa cinquième rencontre de la Coupe Davis, mais à sa première au Canada. Qui plus est, c’était sa première dans sa ville natale, dans le quartier où il a grandi.
« C’était très spécial, a avoué Diallo après sa victoire de samedi. C’est à la maison. Le fait que Frank me donne l’occasion de jouer devant tous les membres de ma famille, mes amis, tous les gens de mon quartier. Je suis très reconnaissant. Ce sont des moments dont je vais me rappeler toute ma vie. »
On a beaucoup exigé de Diallo à sa première rencontre à la maison. Le joueur de 22 ans a endossé le rôle de numéro un en l’absence de Félix Auger-Aliassime et de Denis Shapovalov, et bien qu’il y ait eu de l’excitation, être à la tête de l’équipe lorsqu’on joue devant ses partisans pour la première fois, c’est beaucoup de pression.
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« On a beaucoup de profondeur dans notre équipe, surtout avec les performances que vous avez vues ces deux derniers jours avec Gabriel et Alexis, a mentionné le capitaine Frank Dancevic. « Ce sont de jeunes gars. On a aussi des gars avec de l’expérience, comme Milos et Vasek, mais c’est bien de savoir qu’on a de jeunes joueurs qui jouent bien, qui s’imposent très bien sur le terrain. »
C’était une première participation spectaculaire pour Diallo à la maison. Il a relevé le défi avec brio en remportant ses deux matchs de simple, dont un en trois manches pour sceller l’issue de la rencontre.
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« Il y avait beaucoup de premières fois pour moi ce week-end, a commenté le héros local. « Première fois jouer la Coupe Davis à la maison, surtout ici au [Stade IGA]. C’est sûr que c’était spécial pour moi, mais j’essayais d’être le plus ouvert d’esprit et de ne pas mettre de barrière ou de limite mentalement. J’étais prêt à tout. J’étais très concentré sur la tactique. Cela m’a aidé à ne pas mettre tout mon focus sur les émotions, et de mettre mon énergie sur le tennis. »
Ces jeunes ont assurément pris goût au fait de jouer à la maison et aimeraient bien recommencer. Toutefois, remporter le titre de la Coupe Davis signifie que le pays n’a pas à se soumettre aux qualifications. Si on leur donnait le choix de ne pas jouer à la maison pendant cinq ans et de remporter quelques titres, la plupart des amateurs et des joueurs seraient probablement d’accord avec ce compromis.