Après le cinéma, c’est la télé qui s’invite au tennis. La télé québécoise.
Au début de 2023, la chaîne Noovo diffusera huit épisodes de la télésérie « Double faute » mettant en vedette un des acteurs les plus demandés dans la province, Éric Bruneau.
Le scénario est centré sur un joueur québécois talentueux, nommé Charles Rivard. Classé 187e à l’ATP, il parcourt le monde avec toutes les difficultés que cela apporte en ce qui concerne les revenus, les résultats et surtout, la pression des médias lorsqu’il évolue chez lui. Il doit combattre ses démons et faire sa place au soleil.
Et 187e mondial, ça ne roule pas sur l’or comme les membres du Top 10.
Comme l’a précisé Richard Legendre, ex-directeur du tournoi devenu analyste à TVA Sports pendant le tournoi, « Il y a 10 bons joueurs dans chaque équipe de la Ligne nationale de hockey. Ça fait 300 en tout. Et les amateurs admirent et applaudissent ainsi un 200e mondial au hockey tout en le considérant comme une vedette. Au tennis, au-delà du 50e mondial, ce n’est pas le même traitement. »
Les habitués du Stade IGA n’ont pas été surpris d’apprendre la naissance du projet puisque l’acteur est aperçu dans les couloirs — et sur les courts — du Centre de tennis chaque semaine pendant la saison froide. Et, en le regardant évoluer, ça ne prend que quelques minutes pour constater qu’il est un très bon joueur.
Mais ça ne suffit pas lorsqu’on désire à tout prix que les séquences de tennis soient très crédibles pour les aficionados de ce sport. Surtout si on incarne un joueur de l’ATP, 187e mondial, ou pas.
Lorsque Shia Labeouf a joué le rôle de Big Mac dans le film « Borg vs McEnroe », l’œil averti des mordus de tennis s’est vite aperçu qu’il n’avait pas beaucoup joué, dans la vie, et que sa doublure devait avoir eu beaucoup de boulot.
Éric Bruneau, malgré son talent, a également eu besoin d’un peu d’aide au tournage, comme il l’avoue bien honnêtement. « Je suis aidé par le Québécois Washi Gervais, qui a déjà évolué pour l’Université Saint Francis, dans les Maritimes. »
Car, bien qu’il soit athlétique et en grande forme, Bruneau doit s’incliner et reconnaître qu’entre l’être humain normal et un joueur de l’élite mondiale, il y a une marche à gravir. Et elle est très haute.
« J’ai réalisé que, physiquement, je ne suis pas capable de jouer au tennis 8-10 heures par jour, pendant une semaine. On est ailleurs, là ! », reconnaît-il, candidement.
« C’est presque un plaisir coupable, bien honnêtement. Je suis parti de quelque chose que j’aimais et je l’ai développé dans mon métier. Ça fait presque 10 jours qu’on tourne, mais c’est un 10 jours de pur bonheur. »
Qui plus est, l’engouement pour le tennis au pays est en grande croissance depuis cinq ans et Netflix tourne un documentaire de sa série « Drive to Survive » avec Taylor Fritz.
« Comme acteur, on fait souvent beaucoup de recherche pour bien comprendre qui on doit personnifier. Mais moi, je consomme tellement de tennis, dans la vie, que ma recherche était déjà complète avant de commencer. Notamment, il y a des tics de joueurs que j’ai “volé”, ici et là. Et les mordus de tennis vont très certainement reconnaître. »
Essayons de deviner ?
« Il mâchouille les chaînes qu’il porte dans le cou… », rétorque-t-il avec un sourire.
Facile.
Puisqu’il m’ouvre la porte, je lui demande si sa motion de service sera aussi longue que celle de Rafael Nadal. « Euh, non. Pas question puisque chaque épisode ne dure que 42 minutes, répond-il dans un éclat de rire. Et je ne me replacerai pas le caleçon sur chaque balle de service, promis. »
La série est produite par KOTV, dans lequel le producteur Louis Morissette (à gauche) a cosigné les textes, principalement avec Bruneau, en plus d’y jouer le rôle de l’entraîneur du joueur fictif.
« Mon personnage se nomme Sylvain, ce qui ne surprendra personne puisque c’est l’autre Bruneau, Sylvain, qui a supervisé l’entraînement de tennis d’Éric. Ça doit être un hasard… », mentionne Morissette en souriant. « C’est un hommage », réplique immédiatement Éric Bruneau, une précision approuvée par son producteur.
« Comme son joueur, il cherche lui aussi à avoir son moment de gloire et à se rendre au sommet de sa profession et se prouver qu’il est compétent dans ce qu’il fait. Avec les incidences que ça peut avoir sur sa famille. Et il vit la frustration de bien des entraîneurs qui n’ont que peu de contrôle sur ce que leur athlète fera — ou ne fera pas — sur le terrain. Le joueur peut avoir toutes les bases, mais si l’aspect mental ne suit pas, c’est difficile pour le coach. »
Il reste encore quelques scènes à tourner, et le plaisir coupable d’Éric Bruneau achève. Mais il aura réalisé son projet de rêve.
« J’ai toujours rêvé de jouer un athlète, car il y a des parallèles vraiment clairs entre un athlète et un acteur. Ce moment en coulisses, avant de jouer une scène, comparé au moment dans le couloir menant au court et celui où il entre sur le central, pour le tennisman. »
« Je trouvais aussi que le tennis est propice pour parler d’ambition et de transmission », poursuit Bruneau.
« Parce que les parents sont souvent très présents dans la carrière des joueurs et des joueuses, contrairement à d’autres sports. Le rapport entraîneur-parent, c’est pas évident et ça peut dégénérer en conflit, quelquefois. Par exemple, Martin St-Louis, le coach des Canadiens, n’a pas à gérer les parents de Carey Price. C’est peut-être gros, comme exemple, mais c’est tout de même la réalité du tennis. »
L’exemple des sœurs Williams, révélé dans la récente production hollywoodienne « La Méthode Williams », restera l’exemple le plus éloquent.
Séparé(e)s à la naissance (5)
C’est rare.
Aucune recherche à faire. Et aucun montage de photos à faire — la WTA a fait tout le boulot pour moi lors des quarts de finale de l’Omnium Banque Nationale, le 11 août, à Toronto.
Cette affiche, les visages, les expressions, les postures, les chandails. Difficile de ne pas inscrire les noms de la Brésilienne Beatriz Haddad Maia et de la Suissesse Belinda Bencic dans la liste des athlètes de tennis dont la ressemblance est si frappante qu’on les croirait… séparées à la naissance.
Habituellement, c’est un(e) athlète du tennis et une autre personnalité mondiale que je dois jumeler. Mais rarement deux personnes du monde de la raquette.
Une seule petite différence, l’une est gauchère (BHM), l’autre, droitière (BB).
Ah oui, rappelons que c’est Haddad Maia qui l’a emporté…
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