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Pour Justin Scheerer, psychothérapeute sportif, la clé de la réussite dans le sport réside dans l’épanouissement de la personne qui se cache derrière l’athlète, même si cet aspect peut parfois être négligé.
Il est essentiel de donner la priorité au bien-être mental et émotionnel de l’athlète, parallèlement à ses performances physiques. En aidant les athlètes à gérer leurs angoisses, leurs insécurités et d’autres émotions désagréables, M. Scheerer soutient qu’ils peuvent atteindre un plus grand succès global dans le sport et au-delà.
Nombreux sont ceux qui suivent une thérapie dans l’espoir de se débarrasser de leur anxiété ou de leur tristesse, mais ce n’est pas réaliste. Les émotions sont inévitables et nous devons apprendre à les gérer plutôt qu’à les supprimer. Les ignorer peut entraîner un effet de rebond où elles réapparaissent de manière plus intense, explique-t-il.
« On ne peut pas vraiment choisir ce que l’on ressent, explique M. Scheerer. On peut ignorer nos émotions pendant un certain temps, mais elles ne disparaissent pas pour autant. Même s’il peut être inconfortable de les affronter, c’est la meilleure façon d’avancer. On doit ressentir ces sentiments. »
M. Scheerer souligne l’importance de la gestion des expériences internes, qui comprennent les émotions, les pensées et les sensations physiques, en particulier pour les athlètes. Ces expériences internes peuvent être envahissantes et nuire à la performance.
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« Si tu es au milieu d’un match de tennis très important, tu peux te sentir en colère, frustré, déçu de toi-même, gêné ou honteux de ta façon de jouer, explique-t-il. Si on tourne toute son attention vers l’intérieur, non seulement on se sent vraiment mal à l’aise, mais on ne peut pas être performant parce qu’on est tellement concentré sur soi qu’on ne peut pas se concentrer sur le sport et la performance ».
M. Scheerer utilise une stratégie en trois étapes appelée « ressentir, respirer, bouger » pour aider les clients à gérer leurs émotions en temps réel.
- La première étape, « ressentir », consiste en un balayage corporel sans jugement pour identifier les manifestations physiques des émotions, telles que la tension ou l’accélération du rythme cardiaque, facilitant ainsi la connexion à l’émotion par le biais des sensations somatiques.
- La deuxième étape, « respirer », se concentre sur l’utilisation de la respiration pour ancrer et explorer l’émotion, en respirant dans la zone où l’émotion est ressentie pour aider à s’asseoir avec elle et à la comprendre.
- La dernière étape, « bouger », intègre une activité physique douce pour réguler les émotions, en s’appuyant sur le mouvement pour traiter et atténuer le stress émotionnel en brûlant les substances chimiques liées au stress comme le cortisol et l’adrénaline.
Réagir de manière impulsive, comme lancer une raquette dans un moment difficile, peut être préjudiciable. L’objectif, dit-il, est d’apprendre aux gens à faire de l’espace entre un événement et leur réaction. Cet espace leur permet de choisir une voie à suivre, en leur donnant les moyens de décider de la manière dont ils veulent réagir.
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« On doit trouver un moyen de gérer et de réduire l’expérience de la colère pour la ramener à un niveau plus gérable, de l’ordre de cinq ou six sur dix, car on peut alors en faire quelque chose, explique M. Scheerer. Lorsque les émotions deviennent très fortes, il est difficile de choisir un moyen productif ou efficace de réagir à cette émotion. C’est généralement à ce moment-là que l’on dit quelque chose que l’on ne pense pas ou que l’on agit d’une manière qui n’est pas conforme à nos valeurs. »
Le dicton « si tu peux le nommer, tu peux l’apprivoiser », souligne la valeur progressive de l’étiquetage des émotions. La spécificité de l’identification des sentiments, au-delà du simple fait de se sentir mal, clarifie l’expérience émotionnelle et la rend plus facile à gérer. Comprendre que « mal » peut signifier n’importe quoi, de la déception à l’anxiété, permet d’apporter une réponse plus ciblée.
Quelle que soit l’expérience vécue, accueillir les émotions est la stratégie à long terme la plus efficace pour la santé émotionnelle et le mieux-être, affirme M. Scheerer.
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« La meilleure analogie que je puisse donner et qu’on utilise tout le temps en thérapie, c’est l’idée que vos émotions sont un peu comme des sables mouvants, poursuit-il. Quand on est coincé dans des sables mouvants, la première réaction est de se battre et de se débattre. Mais en agissant de la sorte, on s’enlise encore plus.
« Pour sortir des sables mouvants, il faut se détendre, étendre ses membres, s’allonger et s’en sortir petit à petit. C’est un peu la même chose avec nos émotions ».
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