Photo : Tennis Canada / Martin Sidorjak
En 2019, de prometteurs jeunes tennismen canadiens, accompagnés d’un vétéran joueur de double, avaient causé la surprise en atteignant la rencontre ultime de la Coupe Davis, en Espagne.
Contre des vétérans espagnols qui devaient éventuellement triompher.
Mais l’avertissement venait d’être lancé par ces jeunes loups. Il faudrait désormais les respecter.
Trois ans plus tard, les représentants de l’unifolié sont respectés, voire craints. Et ils font partie des pays favoris pour aspirer aux grands honneurs dès le début de cette phase finale en novembre 2022.
Les deux vedettes canadiennes, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov, seront au rendez-vous, tout comme le vétéran spécialiste du double, Vasek Pospisil, en plus des jeunes Alexis Galarneau (22 ans) et Gabriel Diallo (21 ans).
Et leur capitaine Frank Dancevic ne pouvait en être plus heureux.
« Oui, Gabe (Diallo) et Alex (Galarneau) complèteront l’équipe. On y va, cinq gars… Vous savez, la Coupe Davis, c’est une longue semaine et tout peut arriver, plusieurs matchs à disputer », déclarait-il quelques heures avant de quitter Montréal à destination de l’Espagne où les Finales de la Coupe Davis doivent avoir lieu du 22 au 27 novembre.
Entre deux conversations de circonstance avec le grand patron de l’élite à Tennis Canada, Guillaume Marx, et l’entraîneur national en préparation physique, Nicolas Perrotte, le capitaine m’a accordé 15 minutes pour répondre généreusement à mes questions au Stade IGA de Montréal.
Frank Dancevic, malgré l’humilité qui le caractérise, respirait la confiance à la veille de ces Finales. La confiance et, surtout, la fierté.
D’abord, il se réjouissait de la tenue des cinq joueurs au cours des derniers mois. Pas seulement Félix ou Denis, mais de TOUS les joueurs.
« Ces gars-là ont joué du tennis incroyable au cours des dernières semaines. Tous. Sur le Circuit Challenger ou celui de l’ATP. Alors ils sont prêts à jouer à un très haut niveau. C’est bon d’avoir de la profondeur et le Canada a manifestement beaucoup de profondeur. »
Inutile de rappeler que Shapovalov a connu une bonne fin de saison et, surtout, à quel point Auger-Aliassime s’est hissé au sommet de son art lors des six dernières semaines.
« C’est incroyable. Je suis tellement content de le voir jouer ainsi et il le mérite parce que c’est un travailleur acharné… il déploie beaucoup d’efforts pour devenir un meilleur joueur. C’est fascinant de le regarder aller. Il abordait ses matchs en croyant qu’il pouvait battre n’importe qui. Ça, c’est Félix ! », mentionnait Dancevic avant de souligner que l’éreintant parcours de cet automne avait probablement taxé son meilleur joueur. Mais il entend bien le ménager dans les premiers jours de préparation.
« Jouer autant de matchs à un niveau si élevé peut certes avoir une incidence sur la condition du joueur. Je ne sais pas comment il se sentira en Espagne, mais je crois qu’il devrait être OK », précisait Dancevic. Et nous allons essayer de gérer son énergie, assurément, et lui donner un peu de repos. Il ne sera pas aussi souvent sur les courts d’entraînement que les autres gars, genre deux ou trois heures par jour. Il s’agit simplement de garder son énergie, de sentir la balle et d’être prêt lorsque l’heure viendra. »
Et, en tant que jeune capitaine de la Coupe Davis, comment Frank Dancevic se sent-il lorsqu’il constate qu’un des équipiers sous ses ordres flirte maintenant avec le Top 5 mondial ? Impressionné… ou nerveux ?
Pas du tout.
« Je connais Félix depuis longtemps, depuis qu’il a 13 ans. Je m’entraînais avec lui, à cette époque. J’ai une belle relation avec Félix et avec son entraîneur Fred (Fontang) qui a été entraîneur avec l’équipe canadienne quand j’ai commencé comme capitaine. Et nous allons travailler ensemble cette semaine. Et à part quelques tactiques et détails à discuter, tout est pas mal clair pour les joueurs. Ils sont préparés et prêts. »
Bien sûr, quand il est question de l’autre joueur de simple, Dancevic est tout aussi enthousiaste.
« Je connais également Denis depuis longtemps et nous avons une bonne relation. Travailler avec lui est toujours plaisant. Denis est tout simplement un incroyable compétiteur et un incroyable joueur de Coupe Davis et vous savez que lorsqu’il met le pied sur le court il va tout laisser sur le terrain, car il adore jouer pour son pays. Comme pour Félix, tu ne sais jamais qui il peut battre un jour donné. C’est un gars formidable à avoir au sein de l’équipe. C’est incroyable. Je suis vraiment béni d’être un capitaine, à cette époque, avec ces gars-là », a indiqué un Dancevic particulièrement lucide et fier.
Connaissant l’importance du double à la Coupe Davis, inutile de mentionner que la présence de Vasek Pospisil vient cimenter ce bel édifice. Et ajouter à la confiance de Dancevic.
« Que Vasek joue avec Denis ou avec Félix, ce sont d’excellentes combinaisons. Alors nous avons plusieurs choix. Il suffit de nous placer dans une bonne position et… qui sait ? Nous sentons que nous pouvons gagner ça, que c’est la prochaine étape. Nous sommes passés si près il y a trois ans, quand nous avons atteint la finale. Nous y avons goûté, vous comprenez ? Alors les gars savent qu’ils ont ce qu’il faut et ils ont déjà gagné la Coupe ATP cette année. Nous avons assurément l’équipe pour être au sommet. »
Avant de mettre fin à notre conversation, le capitaine canadien a voulu souligner l’importance des trois autres éléments de l’équipe, particulièrement de leur rendement impressionnant au cours des derniers mois.
Il a souligné que les Pospisil (17-5), Galarneau (12-8) et Diallo (17-6) ont tous eu des résultats très encourageants depuis la mi-août sur le Circuit Challenger. Et que le cadet, Diallo, a fait un bond gigantesque au classement, passant de la 941e à la 224e place entre les 12 juin et 14 novembre.
« J’avais entendu parler de lui et, lors de l’Omnium Banque Nationale à Montréal, je suis allé le voir. J’ai été vraiment impressionné par son jeu. Et il ne faisait que commencer son ascension dans le classement à ce moment-là. On pouvait voir qu’il allait être bon. Il a beaucoup de profondeur dans son jeu, il a de grosses armes, un gros service, le forfait complet, quoi. Il a un bel avenir. Maintenant, il est près du Top 200 alors il pourra être des qualifications aux Internationaux d’Australie. »
Les deux Québécois, sensiblement du même âge, se livrent une belle compétition interne au sein du contingent canadien.
« Ils se poussent mutuellement. J’espère qu’ils continueront à le faire, comme Félix et Denis, ou Milos et Vasek à leur époque respective », a conclu le capitaine qui a été témoin de cette émergence du tennis canadien au cours de la dernière décennie.
Dancevic et son équipage amorceront la compétition le 24 novembre dans une rencontre les opposant à l’Allemagne, privée d’un des meilleurs joueurs mondiaux, Alexander Zverev, et dont la composition est détaillée ici.
Le capitaine et ses matelots espèrent que leur « croisière » sera longue… et les mènera à la terre promise.