Photo : Tennis Canada
Quel soulagement!
Après avoir subi un premier report, en 2020, puis craint un second, en 2021, les amateurs de tennis du Canada ont finalement reçu des bonnes nouvelles de Tennis Canada alors que les listes des joueurs et joueuses pour l’Omnium Banque Nationale ont été dévoilés hier.
Ainsi, à Montréal (WTA) et Toronto (ATP), la crème de la crème du tennis mondial est sensée revenir, pour notre grand plaisir, du 7 et 15 août prochains.
Tous les détails se trouvent ici. Pour les dames…
On s’attend à pouvoir accueillir un maximum de 5 000 personnes dans les gradins.
On imagine le soulagement des dirigeants de Tennis Canada qui ont eu, à un certain moment ce printemps, à jongler avec toutes sortes de scénarios, dont l’un aurait été de déménager l’événement à Cincinnati et en faire un programme double avec l’omnium Western & Southern, comme ce dernier a eu à le faire, à New York, en 2020, avec le US Open.
Même si certaines confirmations sont encore nécessaires, il semble bien que les Canadiens pourront retrouver leurs vedettes, au début du mois d’août, comme avant la pandémie.
20-20-20
Pour plusieurs d’entre vous, peu importe d’où vous venez, 20-20-20 était une sorte d’engrais.
Mais depuis le 11 juillet 2021, il s’agit d’une combinaison chiffrée décrivant la congestion au sommet de la hiérarchie des tennismen professionnels.
20 titres du Grand Chelem. Pour chacun des trois membres de l’éternel « Big Three », Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic.
Dans cet ordre puisque le Suisse était le premier à atteindre l’objectif, il y a déjà trois ans et demi, en janvier 2018. Il a été rejoint en septembre 2020 par l’Espagnol. Puis par le Serbe.
Ce qui est fascinant, c’est le sprint qu’a enclenché Djokovic depuis que Federer a obtenu ce 20e titre. À ce moment, le Djoker en avait 12 au compteur et peu de gens auraient prédit ce qui allait suivre. À partir de Wimbledon 2018, il a accumulé huit titres sur les 12 tournois majeurs disputés. Ça dépasse l’entendement.
Dans un geste de classe, il a tout de même tenu à dire un bon mot pour ses deux rivaux, parvenus à ce stade avant lui.
Mais avant de prédire s’il peut même atteindre la marque absolue de 24 titres du Grand Chelem, hommes ou femmes confondus, on surveillera Djokovic en septembre, au US Open, alors qu’il pourrait égaler une marque réalisée la dernière fois en 1968 par Rod Laver, soit le Grand Chelem dans la même année de calendrier.
S’il le fait, et s’il triomphe aux Jeux Olympiques de Tokyo, fin juillet, il entrera dans le club très restreint des détenteurs du « Grand Chelem Doré » qui, pour l’instant, ne compte qu’une seule membre : Steffi Graf (1988).
Cicak (Il était temps!)
Rarement l’identité d’un arbitre de chaise, pour une finale de tennis, n’aura fait jaser.
Le choc Djokovic-Berrettini a été arbitré par Marija Cicak. Oui, une femme.
Normal direz-vous? Pas vraiment puisque nous étions à Wimbledon haut-lieu des traditions tennistiques. Mais, comme on le constate souvent, toutes les traditions ne sont pas que positives.
Ainsi, Cicak était la première femme à s’assoir sur la grande chaise dans le cadre d’une finale masculine du tournoi appelé « The Championships ».
Et la plupart d’entre vous n’auraient probablement pas remarqué ce fait si les médias ne l’eurent soulevé à grand renforts de tweets. Car des finales féminines arbitrées par des hommes, il y en a partout. Et des finales masculines arbitrées par des femmes, il y en a partout également.
Sauf à Wimbledon, avant le 11 juillet 2021.
Maintenant que cet anachronisme socio-sportif a été corrigé, revenons à la principale intéressée.
Âgée de 43 ans, Marija Cicak est l’incarnation même de la crédibilité. Depuis plus de 10 ans, elle est détentrice du badge d’or, plus haute distinction de la profession. Elle était en poste lors de la demi-finale de Wimbledon 2018, entre John Isner et Kevin Anderson et comptait aussi comme assignation notable la finale féminine de 2014, entre Eugenie Bouchard et Petra Kvitova.
Personnellement, j’ai toujours été admiratif du travail de cette femme lors des huit années où je l’ai suivi abondamment en assumant la description des matchs de WTA, ATP, Fed Cup (maintenant BJK Cup) et Coupe Davis. Et mes partenaires analystes partageaient toutes cette impression.
Cicak, du haut de sa chaise, était une présence rassurante pour les spectateurs et les athlètes, même si ses décisions ne les avantageaient pas toujours. Chaque discussion, chaque situation controversée était menée avec calme mais fermeté, sans montrer de préférence ni de familiarité. Vedette ou pas.
Et s’il n’existe aucune statistique connue pour les décisions de juges de lignes renversées par les arbitres de chaise, Cicak était rarement prise en défaut. Elle ne faisait peut-être pas souvent, mais quand elle le faisait, vous pouviez parier une boîte de balles neuves qu’elle avait raison.
Avec un peu de retard, le tournoi de Wimbledon vient d’entrer dans le 21e siècle.
Félix et Shapo, toujours plus haut!
La récente campagne sur gazon, par nos jeunes loups du tennis, a été couronnée de succès.
Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime avaient connu des passages en demi-teinte, voire décevants, sur la terre battue, présentant respectivement des dossiers de 7-5 et 4-6. Toutefois, dans un agréable et réconfortant revirement de situation, les deux amis ont brillé sur l’herbe avec des fiches de 9-3 et 10-3.
Résultat des courses gazonnées, Shapo est passé de la 14e à la 10e place du classement ATP. Félix, de son côté, s’est hissé de la 21e à la 15e.
Après une présence dans la deuxième semaine du tournoi majeur, leurs plans à court terme ont changé, on le devine, et ils ont choisi de ne pas participer aux événements sur terre battue qui suivaient Wimbledon (Bastad et Hambourg). Sage décision… repos mérité.
À l’orée du segment sur surface dure, voilà qui augure bien pour les deux jeunes Canadiens.
Lorsqu’on jette un coup d’œil sur le Top 20 du tennis masculin, rien n’est facile, mais nos compères ont fait la preuve qu’ils peuvent surprendre la plupart de leurs collègues, sauf peut-être les détenteurs des quatre premières positions.
Et encore. La confiance peut faire des miracles. Et le jour n’est pas loin ou le Canada comptera deux de ses représentants dans le TOP 10 de l’ATP.
Barty : nouveau visage de la WTA
Longtemps, Roger Federer était LE visage du tennis masculin. Maintenant qu’il a été rejoint par les deux autres membres de ce trio légendaire, le visage de l’ATP devient celui d’une hydre à trois têtes. Jusqu’à ce que Djokovic ou Nadal ne s’empare de la commande.
Chez les dames, le visage de la WTA était inévitablement – et depuis longtemps – Serena Williams. Non seulement pour sa feuille de route spectaculaire, mais également parce qu’aucune des prétendantes ne s’assoyait sur le trône suffisamment longtemps, après que Serena en soit descendue.
Au total, sept dauphines y ont pris place, la plus tenace étant Simona Halep, pendant 48 semaines consécutives, entre février 2018 et janvier 2019. Ce séjour de 48 semaines a été égalé, puis dépassé depuis son triomphe à Wimbledon par Ashleigh Barty.
Forte de 2300 points d’avance sur Naomi Osaka, on peut déduire que l’Australienne y sera encore un bon bout de temps.
Malgré sa petite taille (5pi.5po), Barty a un coffre d’outils qui font l’envie de toutes les joueuses de la WTA.
Et, à l’instar des grands noms du tennis tels les Federer, Nadal, Djokovic, Williams, Ashleigh a la même relation durable avec son entraîneur Craig Tyzzer. Leur association a commencé en 2016 et peu de temps après, elle remportait son premier titre à Kuala Lumpur. Depuis, elle en a ajouté 10 autres dont deux en Grand Chelem.
Et lorsque je mentionne qu’elle sera le nouveau visage de son sport, ce n’est pas seulement en raison de ses statistiques et de ses réalisations.
Cette femme a tout pour plaire aux amateurs de tennis en particulier ou de tout le sport en général. Elle venait d’avoir 20 ans et déjà on sentait la maturité dans ses allocutions de fin de tournoi, dans ses entrevues d’après-match ou dans de longues conférences de presse. Dans la forme comme dans le fond.
Sa popularité dépasse les frontières de son pays et on la voit s’impliquer dans de multiples causes. Pour reprendre une vieille expression associée jadis à une firme américaine de courtage (E.F. Hutton), « Lorsqu’Ashleigh Barty parle, on écoute… »
Le sport compte de nombreuses vedettes, mais toutes n’ont pas cette aura émanant du personnage pour devenir leader de son groupe. Et ça, ça dépasse les lignes du terrain.
En terminant, comment ne pas craquer pour ce montage où on la voit, petite, avec un de ses premiers trophées et une raquette qui fait bien la moitié de sa taille, puis, une vingtaine d’années plus tard, en pleine gloire.
Comment ne pas avoir envie que cette personne soit notre fille, notre nièce, notre sœur ou notre amie.
L’insaisissable objectif de Karolina
* Elle a 16 titres WTA et 3 titres de Fed Cup.
* Elle a été numéro un mondiale à l’été de 2017 et a passé 250 semaines dans le Top 10 entre 2016 et 2021.
* Elle a remporté plus de matchs en WTA, depuis 2015, que toute autre joueuse.
* Elle a plus gagné plus de $22 millions dans une carrière de 11 ans.
Karolina Pliskova est une grande joueuse de tennis. Mais il lui manque ce petit quelque chose… de MAJEUR.
La Tchèque est passé près, dimanche le 10 juillet, en finale de Wimbledon. Mais elle aura malheureusement échoué une autre fois dans ce qui reste la quête ultime pour toute femme ou tout homme du tennis professionnel planétaire.
Face à l’éventuelle championne Ashleigh Barty, le 10 juillet, Pliskova en était à sa deuxième finale en Grand Chelem (après celle du US Open de 2016). Notons également sa présence en demi-finale des tournois majeurs de Roland-Garros (2017) et de Melbourne (2019)
À Londres, Pliskova en était à sa 35e participation en Grand Chelem. Entre le printemps 2012 et l’été 2021, elle a disputé 101 matchs dans le cadre des quatre événements prestigieux, présentant un dossier de 66-35.
Que manque donc-t-il à la puissante cogneuse pour atteindre cette ligne d’arrivée ?
Il semble que ce qui a toujours fait sa force, sa puissance, soit aussi le défaut de l’armure. Même si elle est plus mobile qu’à ses débuts, Pliskova reste une terrifiante serveuse capable de traverser n’importe quelle adversaire lorsque l’arme fonctionne bien. Dans le cas contraire, elle devient vulnérable et a même tendance à accumuler les fautes directes, autant de cadeaux à ses adversaires.
Se retirera-t-elle avec ce titre non officiel de « meilleure joueuse à n’avoir jamais gagné un tournoi majeur »? Ce n’est vraiment pas ce qu’on lui souhaite. Car, des compétitrices à la carrière moins flamboyante ou lucrative qu’elle ont réussi à en gagner un (Jelena Ostapenko). Et même deux (Garbine Muguruza).
Oui. Si près…mais si loin!
Wimbledon à ESPN pour longtemps
Wimbledon est le plus prestigieux des tournois de tennis. Point barre!
On aime Wimbledon. Notamment aux États-Unis où ESPN a tenu à conserver cette propriété pour longtemps… très longtemps.
Jusqu’en 2035.
De la diffusion en « streaming » sur TOUS les terrains, tous les jours. Quelques 140 heures de diffusion sur ESPN, mais aussi sur ESPN2 et ABC. Tous les détails se trouvent dans cet article de Sportico, publié le 9 juillet.
Avant l’événement, j’ai exprimé dans ce blogue mon opinion sur l’aspect obsolète (et dangereux) du tennis sur gazon. J’en appelais à la fin de cette surface. Et je m’attendais à recevoir des roches ou autres répliques assassines… et pourtant, presque rien. Que ce soit sur le balado en français de l’Omnium Banque Nationale ou en discussions avec des collègues, des amis et des parents.
Ce qui ressortait, tant chez les connaisseurs que chez les profanes, sans agressivité et avec politesse, c’est que plusieurs de mes arguments trouvaient une oreille attentive et qu’on respectait mon opinion. Mais en bout de ligne, il n’était même pas question d’y songer.
La réplique la plus souvent entendue? « … mmmhhh oui, peut-être, j’sais pas… Non. NON ! Tu peux pas toucher à ça. Wimbledon, c’est mon tournoi préféré. C’est la tradition, c’est la classe. C’est le blanc sur fond vert… » etc…etc.
Rien de tangible, de concret ou de cartésien. C’est sentimental et réconfortant. Et viscéral.
Et comme bien des diffuseurs mondiaux, ESPN l’a compris.
Fin de la discussion.
Un disciple de Paire?
Des gestes de colère et de frustration, au tennis, il y en a beaucoup.
On peut comprendre, tant que ce mouvement d’humeur n’entraîne pas de conséquences graves, comme celle qui a causé la disqualification de Novak Djokovic, en 2020, au US Open, ou encore celle de Denis Shapovalov, en 2017, lors d’un match de Coupe Davis.
Ce ne fut pas le cas, cette fois, pour l’Argentin Renzo Olivo. Fort heureusement.
Nous sommes au Challenger sur terre battue de Pérouse, en Italie. Olivo, 29 ans et 193e joueur mondial vient de perdre son match de 2e tour face au Kazakh Timofey Skatov, 20 ans et 325e à l’ATP. Furieux, Olivo catapulte la balle à l’extérieur du stade. Mais cette balle fracasse un des systèmes d’éclairage alors que tous les débris tombent tout juste derrière la chaise de l’arbitre.
Plus de peur que de mal pour l’officiel qui, bien que protégé par un parasol, aurait tout de même pu se passer d’une telle frousse.
Il n’en fallait pas plus pour qu’un autre joueur, réputé pour son humeur aléatoire et ses coups de sang, le Français Benoit Paire, réagisse sur Twitter.
Et, bien sûr, à cette réaction du Français ont suivi d’autres qui font sourire. Comme « Benoit Paire, sors de ce corps! », « Je suis sûr que tu as été son prof. » ou encore « C’est ça faire partie de la « Paire Académie. »
Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard
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