Photo : Arianne Bergeron / C2 Montréal
Deux personnalités du tennis féminin ont fait une présence remarquée, le 28 septembre dernier, à la Conférence Montréal C2, un événement international annuel créé en 2012 et dont l’objectif est de représenter une intersection entre le commerce et la créativité (C2).
Sans surprise, les sujets de l’inclusion et de l’égalité ont été au centre des propos de ces modèles sociosportifs lors des différentes interventions.
À moins de deux semaines du 11 octobre, la médiatisation d’une telle visite ne pouvait mieux tomber, car c’est cette date que les Nations Unies ont choisie, en 2011, pour y décréter la « Journée internationale des filles », histoire de rappeler annuellement que l’égalité entre les filles et les garçons est l’une des clés de notre avenir collectif.
Sans oublier qu’il y a 16 mois, Tennis Canada lançait, en collaboration avec la Banque Nationale, une stratégie étalée sur 10 ans visant à amorcer des changements significatifs pour promouvoir l’égalité des genres au tennis.
Filles. Set. Match. – Tennis Canada
Comment mieux illustrer cette initiative qu’en se rappelant le parcours d’une Billie Jean King qui, à partir de ses rêves d’enfant jusqu’à ses multiples titres de tournois du Grand Chelem — en passant par la création du fameux groupe pionnier des Original 9 — s’est fait connaître mondialement et s’avère une des icônes des cinquante dernières années, tous sports confondus.
Et cette trajectoire admirable de Rebecca Marino, dont l’histoire était déjà de notoriété canadienne, mais qui est devenue un sujet que s’arrachent les journalistes dans toutes les villes du circuit, parcourues par la 80e joueuse mondiale depuis son retour à la compétition, il y a cinq ans.
Avant l’intervention sur scène de madame King, la Vancouvéroise a pu s’entretenir avec elle en compagnie de l’intervieweuse, Valérie-Micaela Bain, journaliste à Radio-Canada.
Marino en a profité pour se rappeler cette rencontre avec BJK, survenue il y a une douzaine d’années. À cette époque, la WTA avait permis à quelques joueuses recrues de rencontrer l’icône.
« On pouvait lui poser des questions, a dit Marino au micro de Radio-Canada. Elle nous motivait et nous inspirait. C’est une pionnière pour le sport féminin et l’égalité. »
Et Marino de souligner à quel point il est encore difficile pour les joueuses d’obtenir les mêmes bourses que les hommes dans les tournois autres que ceux du Grand Chelem. Rappelons que, dès 1973, les Internationaux des États-Unis ont agi en précurseurs vers cette égalité entre femmes et hommes et ont versé des bourses égales aux champion(ne)s. Mais ce n’est qu’en 2001 que Melbourne a suivi, puis en 2006 et 2007 pour les deux tournois majeurs européens (Wimbledon et Roland-Garros).
Il y a donc encore place à des efforts par les dirigeants du tennis, selon la Britanno-Colombienne.
« Je ne sais pas pourquoi il y a moins de tournois féminins, mais nous en parlons beaucoup entre nous. Et notre conseil de joueuses milite pour qu’il y en ait plus, a dit Marino. On doit avoir plus d’occasions pour les femmes. Je suis heureuse que les bourses soient les mêmes en grand chelem, c’est un bon début. J’espère que les autres tournois vont suivre.
« On est chanceuse au tennis d’avoir beaucoup de visibilité par rapport aux autres sports, mais je sens encore que la conversation est encore malgré tout dominée par le tennis masculin. Cela dit, on voit un mouvement et un changement dans les dernières années et on voit de plus en plus de tennis féminin à la télé », a-t-elle affirmé.
Rebecca Marino avait atteint le 38e rang de la WTA, à 21 ans. C’était en 2011. Deux ans plus tard, elle n’avait disputé que deux matchs quand elle a décidé de tout abandonner en février 2013. Difficile gestion des attentes et pression des médias sociaux, suivi de dépression.
Le reste, c’est de l’histoire.
Mais une très belle histoire.
Une histoire qui n’est peut-être pas aussi mondialement connue que celle de Billie Jean King, mais qui fait son chemin et qui restera pendant des décennies une source d’inspiration pour toutes ces jeunes filles qui pourraient encore douter de leurs possibilités.
Rebecca Marino, à 31 ans, n’est pas encore près de la retraite. Et parmi ses prochains défis, vraisemblablement celui de porter à nouveau les couleurs de son pays à un événement international par équipes.
La Coupe… BILLIE JEAN KING.