Photos : Le Soir
Carlos Alcaraz apprend vite. Très vite.
Même s’il ne pourra jamais battre les records de précocité des Boris Becker, Jennifer Capriati ou Martina Hingis, il ne perd pas de temps à accumuler les succès et cimenter – déjà – son statut de surdoué et de superstar du tennis.
Non seulement est-il devenu le premier joueur de l’histoire à remporter un tournoi préparatoire et celui de Wimbledon consécutivement, mais il l’a fait alors que son « bagage gazonné » ne comportait que 14 matchs, à vie. Et ici, j’inclus la phase chez les juniors et les qualifications.
Oui, depuis 2019, alors qu’il avait 16 ans, il a cumulé un dossier de 10-4 dans toutes ses expériences sur l’herbe précédant l’année 2023. Seul Andre Agassi a fait mieux, avant son premier titre majeur sur la surface verte.
Le roi Charles III brillait par son absence, mais pas le roi Felipe VI d’Espagne que l’on a vu sourire de satisfaction, bien sûr, devant cette conquête sportive de Carlito 1er, roi de Wimbledon 2023 et du classement mondial de l’ATP.
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Une présence honorable qu’Alcaraz a soulignée d’amusante façon.
« C’est spécial de jouer devant la royauté. Roi Felipe, je suis vraiment fier que vous soyez ici pour m’encourager », a déclaré le champion, un peu gêné. J’ai joué devant vous à deux reprises et j’ai gagné les deux fois. J’espère que vous viendrez plus souvent », a-t-il conclu.
Face au joueur le plus titré, le plus expérimenté et, surtout, le plus redouté, Alcaraz a mis fin à une série de 35 victoires à Wimbledon par Djokovic. À sa deuxième finale seulement, en Grand Chelem, il a défait celui qui en comptait… 35, un record absolu du tennis masculin et féminin.
Qui plus est, il a en quelque sorte tourné une petite page d’histoire des deux dernières décennies à Wimbledon. En inscrivant son nom sur le tableau d’honneur du AELTC, Alcaraz était aussi le seul homme en 20 ans, dont le nom n’était pas Djokovic, Federer, Nadal ou Murray, à remporter ce trophée.
Déjà détenteur de six titres en 2023, il n’a perdu que quatre fois en 51 matchs et, oui, il est déjà qualifié pour les finales de l’ATP, à Turin, en novembre.
Alcaraz en 2023
Surface | Victoires | Défaites |
Herbe | 12 | 0 |
Terre | 25 | 3 |
Dur | 10 | 1 |
Total | 47 | 4 |
Il n’a pas encore l’âge de consommer de l’alcool dans plusieurs pays, mais il est déjà une superstar mondiale. Et, malgré le peu d’années de services chez les pros, il est déjà ce que les anglophones appellent un « highlight reel » ou, si vous préférez, « une bobine de faits saillants ».
Voici 10 séquences du jeune roi Carlos. Faites-vous plaisir !
La période du « buffet à volonté »
Après Wimbledon, nous entrons dans une courte, mais surprenante période de deux semaines où des tournois masculins seront disputés sur trois surfaces différentes.
D’abord, il y a un rare tournoi américain sur gazon, dans la ville de Newport, au Rhode Island, où se trouve le Temple de la renommée du tennis. Outre plusieurs Américains qui, forcément, y sont inscrits, notons que c’est l’endroit choisi par le vétéran sud-africain Kevin Anderson qui sort de sa retraite, ainsi que par notre étoile montante, le Montréalais Gabriel Diallo. Le hasard a voulu que les deux géants de 6 pi 8 po se rencontrent au premier tour.
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Simultanément, à Gstaad, en Suisse, et à Bastad, en Suède, se déroulent des tournois sur terre battue.
Et, la semaine du 24 juillet, la surface dure entre dans la danse avec la compétition d’Atlanta. Pendant ce temps, deux autres tournois sur terre seront joués à Umag, en Croatie, et à Hambourg, en Allemagne.
Il peut être difficile de saisir pourquoi des joueurs persistent à évoluer sur deux surfaces dont les « saisons » sont, en théorie, terminées, au lieu de se préparer pour la surface sur laquelle la majorité terminera l’année.
Faut croire qu’il y en a pour tous les goûts. Comme au restaurant, dans un buffet à volonté.
Beaucoup de bruit pour rien
Au pays de William Shakespeare, une nouvelle version de la célèbre pièce pourrait avoir été écrite dans le grand théâtre de la petite commune de Wimbledon.
Quelque 423 ans plus tard, on pourrait facilement apposer ce titre : « Beaucoup de bruit pour rien » cette innovation technologique annoncée par la direction du célèbre All England Lawn Tennis Club (AELTC), en collaboration avec la multinationale IBM. Ce dont on parle, ici, est la production des commentaires générés par l’intelligence artificielle (IA) générative d’IBM sur toutes les vidéos récapitulatives des matchs du tournoi.
La nouvelle, annoncée quelques deux semaines avant le début de l’événement, avait bien sûr créé un remous médiatique mondial, surtout lorsqu’on connaît la fulgurante et inquiétante progression de l’intelligence artificielle (IA) dans notre vie, depuis le début de 2023.
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Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agissait d’une tempête dans un verre d’eau, car, à la simple écoute d’une des nombreuses capsules offertes sur le site internet du tournoi, on est loin, très loin, d’être impressionné. La découverte de cette « nouveauté » suscite, au mieux, un sourire en coin ou un bâillement d’indifférence.
Voici le lien vers les courts résumés des matchs. Faites quelques essais et vous verrez que personne n’a envie de crier à la nouveauté du siècle. Et je vous préviens, le choix des voix est limité et le jumelage est d’une simplicité très… traditionnelle, pour rester poli. Une voix robotisée masculine pour les hommes et féminine pour les femmes.
Avant le tournoi, le responsable numérique du AELTC, Chris Clements, avait insisté sur cette nouvelle effervescence que recherchaient les amateurs en consommant leurs sports favoris.
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« Wimbledon, quand nous étions enfants, c’était le moment où toute la famille se rassemblait devant le téléviseur du salon », se rappelait Clements en juin dernier. « Maintenant, c’est moins courant. Il faut trouver une autre façon d’attirer ceux qui incarneront la prochaine génération de fans de Wimbledon. »
Monsieur Clements faisait assurément allusion à toutes ses statistiques fournies en temps réel par les moyens d’IBM, pendant les matchs de tennis. Et là, je suis en accord avec la démarche. Mais ce n’est certes pas avec les rares bribes de phrases, débitées de façon monocorde par son célèbre ordinateur Watson, qui excitera le public, tout profane ou jeune soit-il.
Ainsi, ce n’est pas de sitôt que l’on remplacera les humains au micro.
Et je pense notamment au Maître en la matière, l’ex-joueur sud-africain Robbie Koenig, probablement la quintessence de ce métier en termes de pertinence, connaissance, couleur et émotion.
En effet, comment une machine, si performante soit-elle, pourrait-elle inventer de telles envolées lyrico-sportives en pleine action ?
« Ce revers était digne d’une peinture à l’huile ! »
« Appelez le 911, (nom du joueur) vient de s’évader de prison ! »
« Il est comme une mangouste sur les amphétamines ! »
« C’est tennis joué par des Dieux ! »
« C’est phénoméNadal ! Voilà ce que c’est ! »
Et autres expressions classiques qui n’ont pas besoin de traduction telles :
« Federer getting betterer! »
« Oh, you’ve GOT to be kidding me! »
« Ohhhhh, stop it! »
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