Photo : Martin Sidorjak
Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas.
Une maxime qui s’applique assez bien à ce que vit Félix Auger-Aliassime en 2023.
Il y a un an, cette saison printanière s’était soldée par un dossier de 15 victoires et 10 défaites, alors qu’elle est de 2-5 pour les trois derniers mois (21 mars-21 juin). Une blessure persistante au genou explique cette activité limitée pour le tennisman canadien qui a dû renoncer au tournoi de Halle, en Allemagne, et qui n’aura certes pas une préparation optimale pour Wimbledon.
Mais si le printemps n’a pas été facile sur le court, Félix a cimenté son image de marque tout en solidifiant sa réputation d’homme droit et généreux.
En plus de confirmer de nouveaux partenariats en début d’année, il a suivi les plus grands de son sport et dévoilé son emblème.
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Mais surtout, il a réalisé un smash humanitaire et caritatif percutant en acceptant d’être le porte-parole de la plus importante campagne de financement jamais lancée par un hôpital de la province de Québec. L’objectif de cette levée de fonds pour le CH Sainte-Justine sera de 500 millions sur une période de cinq ans (2028).
« Je sais à quel point c’est un hôpital emblématique pour la ville de Montréal, mais aussi pour tout le Québec. C’est une campagne importante pour toute la société, pour toutes les classes sociales », déclarait-il à La Presse le 16 juin dernier, alors qu’il insistait sur les trois choses qui l’avaient impressionné.
« C’est avant-gardiste, c’est en avance et c’est à la fine pointe de la technologie. De ce que j’en comprends, on est quand même au milieu d’un tournant dans la technologie médicale. Il y a bien sûr le fait de traiter les enfants malades, mais surtout aussi au niveau de la prévention. Avec l’intelligence artificielle, on sera capable de prévenir les problèmes très tôt dans le code génétique des enfants. »
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Au-delà de cette démarche philanthropique, un autre lien l’attache à cet établissement. Sa sœur Malika et lui y sont nés.
Quelques semaines plus tôt, le 11e joueur mondial avait imité des grands du tennis en présentant son logo personnel.
Ainsi, après les Federer, Nadal, Djokovic, Murray et Rublev, Auger-Aliassime dévoilait cette image le présentant comme un preux chevalier bien protégé par un bouclier formé de ses initiales FAA… trois lettres déjà réputées et utilisées par journalistes et commentateurs de la télévision pour le représenter.
Ce logo est le fruit d’une démarche amorcée en 2019. « On a eu plusieurs idées. On se demandait si on voulait les initiales ou un symbole, » expliquait Félix à La Presse. Je trouve que, finalement, avec les initiales en forme de bouclier, il y a quelque chose d’assez fort qui punchait et qui était aussi classe et propre. »
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Cette image de Félix et de son emblème, ci-dessus, est tirée d’une vidéo du concepteur, BD Global Management, qui peut être visionnée sur Twitter.
BD Global Management, c’est la firme qui gère la carrière d’Auger-Aliassime depuis qu’il a été révélé au monde au milieu de son adolescence. Son fondateur est Bernard Duchesneau, que les téléspectateurs peuvent apercevoir dans la loge de l’athlète dans la plupart des tournois.
Un homme qui a passé un très bel automne 2022, vous le devinez, lorsque son poulain a remporté trois tournois consécutifs en Europe.
De tels succès contribuent à faire connaître l’agent et à attirer de nouveaux clients, comme en font foi les présences de Gabriel Debru et Gabriel Diallo dans le groupe.
Debru est un prodige de la trempe de Félix. Le Français de 17 ans et demi a récemment atteint la demi-finale du tournoi de Lyon, le 16 juin, après s’être farci les vétérans Pedro Martinez et Benoit Paire. Le grand ado de 6 pi. 5 po a ainsi grimpé de 109 rangs au classement ATP et pointe actuellement en 413e position.
Quant à Diallo, déjà bien connu chez nous et coéquipier de Félix lors de la récente conquête de la Coupe Davis, il a laissé l’université du Kentucky, il y a quelques mois, pour amorcer résolument sa carrière professionnelle.
Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle progresse TRÈS bien.
La fulgurante poussée de Gabriel
Gabriel Diallo n’est pas un adolescent et il n’a pas frôlé des records de précocité chez les professionnels.
Mais à 22 ans, au terme d’une carrière universitaire écourtée, Diallo fait preuve d’une capacité d’adaptation stupéfiante.
Comme je le soulignais la semaine dernière dans ce même blogue, il suffit de jeter un coup d’œil à ses résultats des 12 derniers mois pour constater sa progression
802 places !
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À la mi-juin, l’an dernier, il était au 941e rang. Un an plus tard, il se retrouve au 139e.
Il semble qu’il apprend vite et s’ajuste très vite.
Ce que confirme son entraîneur Martin Laurendeau, qui a été nommé pour assurer sa transition vers les professionnels. Martin, qui n’en est pas à une première expérience du genre, avait également piloté la transition de Denis Shapovalov à l’été 2018, quand est survenue l’explosion du blond gaucher.
« C’est carrément phénoménal. J’aimerais faire des recherches pour savoir combien ont fait ça, grimper de 800 places en un an. Et, qui plus est, en étant étudiant à l’université alors qu’il alternait entre des examens, sur les bancs d’école, et des tournois Challengers, ici et là. C’est tout simplement exceptionnel, s’exclame Laurendeau, d’entrée, avant d’avouer sa surprise de constater que cette poussée de Diallo semble être passée sous le radar des médias. Ce qu’il est en train d’accomplir, ça fait écarquiller bien des yeux, dans le domaine, chez les autres entraîneurs ainsi que les autres joueurs. En un an, il a fait ce que ça prend normalement deux à trois ans à accomplir. »
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Qui plus est, l’entraîneur nous rappelait à quel point son pupille montréalais apprend vite.
« Il n’avait jamais même approché un terrain de gazon de sa vie, avant notre périple en Angleterre. Nous sommes arrivés à Surbiton avec cinq jours d’avance afin que je puisse l’initier aux subtilités du jeu sur l’herbe ainsi que les tactiques à apprivoiser. Et ce, le plus rapidement possible, car il n’avait que trois tournois pour le faire avant les qualifications de Wimbledon. Cela dit, Gabriel a un jeu parfait pour le gazon, car c’est un gros cogneur et il a un puissant service. »
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Diallo n’a pas fait mentir son entraîneur. À Surbiton, au tout premier tournoi de sa carrière sur une pelouse, il a battu les vétérans britanniques Liam Brody et Dan Evans (25e mondial), dans leur propre fief, pour accéder aux quarts de finale.
Il a également refait le coup, la semaine suivante à Nottingham, en remportant deux victoires avant de baisser pavillon.
Il faudra donc surveiller de très près les prochaines sorties de Gabriel, tant sur le gazon que sur surface dure, ensuite, alors que la caravane du tennis professionnel se déplacera en Amérique pour l’été et, bien sûr, l’Omnium Banque Nationale, notamment, suivi des Internationaux des États-Unis.
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Et, sans égard à la suite de sa carrière, il faudra se rappeler le travail des entraîneurs comme Martin Laurendeau. À la manière de certains diamantaires, ces travailleurs de l’ombre se voient confier des pierres brutes qu’ils taillent et façonnent avant qu’elles ne se transforment en pierres précieuses.
Pour notre grand plaisir.
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