Rivard : Félix est-il de retour ? 

Voici bien l’illustration 1) de plaisir et de satisfaction et 2) d’un immense soulagement. 

Décidément, le climat de la Suisse s’avère souverain pour Félix Auger-Aliassime.  

Non seulement y a-t-il récolté son premier titre de 2023, mais il a réussi pour la première fois de sa carrière à récolter le même trophée à 12 mois d’intervalle. Et, surtout, il a mis un baume sur une longue plaie de six mois où blessure et perte de confiance l’ont fait chuter au classement. Six mois au cours desquels il a perdu 13 des 16 rencontres disputées et subi la défaite d’entrée dans neuf tournois sur 12. 

Au terme d’une semaine rassurante, le joueur de 23 ans a défendu avec succès sa couronne au tournoi de Bâle après avoir battu le Polonais Hubert Hurkacz, 11^e joueur mondial, 7-6(3) et 7-6(5) en finale.  

On pourra arguer que ses deux derniers adversaires, Rune (6^e mondial) et Hurkacz, n’étaient pas à leur meilleur. On pourra également noter que l’autre tournoi, disputé simultanément à Vienne, mettait à l’affiche les Medvedev (3^e), Sinner (4^e), Rublev (5^e), Tsitsipas (7^e) et Zverev (9^e)… sans oublier que les deux premiers joueurs à l’ATP, Djokovic et Alcaraz, ne jouaient pas.  

Mais Félix n’en a que faire.  

Il a bel et bien aligné cinq victoires consécutives pour la première fois en 12 mois. Et pour lui, c’est signe qu’il est encore dans le coup. 

Félix est-il « de retour » ?  

La question lui avait d’abord été posée, notamment, après sa victoire à l’arraché aux dépens d’Alexander Shevchenko en quart de finale. 

Prudent, le Québécois avait refusé de s’avancer, soulignant humblement que l’année n’avait pas été facile et qu’il espérait bien voir la lumière au bout du tunnel. La même intervieweuse a répété la question à l’issue de la finale et il a répondu « Je suis assurément de retour » accompagnant cette réponse d’un sourire aussi grand que l’amphithéâtre où il a passé la semaine. 

« J’ai laissé parler ma raquette. Ça a toujours été ma devise, a-t-il déclaré sur le court, quelques minutes après avoir triomphé. Depuis que je suis un enfant, j’ai la conviction de pouvoir être un joueur de l’élite, mais les doutes ont surgi, cette année, concernant mes performances. Je suis heureux d’avoir pu prouver à tous que j’appartiens toujours au groupe des meilleurs joueurs mondiaux et que je peux jouer à ce niveau. Je n’ai jamais douté, mais c’est bien de le confirmer sur le terrain. » 

Puis, en guise de conclusion, il ajoutait : « Ça a été une année compliquée, ce qui rend cette victoire “extra spéciale”… plus, encore, que celle de l’année dernière ici. Avec le tout premier titre de ma carrière, celui-ci est le plus gratifiant, c’est sûr. » 

Mis à part les victoires et un titre, que peut-on noter de particulier à l’issue de la campagne helvétique ? D’abord – et surtout – cette confiance qui avait pavé ses succès de 2022. Un coup droit toujours aussi fiable et puissant, mais également cette régularité dans les longs échanges et un service régulier et efficace. Et, complément non négligeable, cette arme devenue essentielle et efficace l’amorti. Enfin, pourrait-on dire, Félix a recommencé à utiliser souvent ce coup et apporter une autre variante à son jeu devenu trop prévisible et monotone.  

Tout comme en 2022, quand il accumulait les succès.  

Ce titre suisse et la défense de ses points lui permettent de rester dans le Top 20, à la 19^e place. Et pour y demeurer, il devra atteindre le carré d’as au Masters 1000 de Paris.  

La saison achève et, contrairement à la précédente, Félix ne la terminera pas dans le Top 10 et il ne fera pas partie du groupe des huit qui participeront aux Finales de l’ATP à Turin. Mais il peut encore se servir du tournoi intérieur de Paris ainsi que des Finales de la Coupe Davis pour confirmer qu’il est bel et bien de retour. 

Que sa blessure au genou et le passage à vide mental qu’elle a causé sont maintenant chose du passé. Et que 2024 pourrait être celle d’un retour dans le Top 10 et, qui sait, peut-être dans le Top 5. 

Il en a le talent. 

Pendant ce temps, Denis et Bianca et les autres… 

Un autre de nos fleurons canadiens a connu une saison difficile.  

Très difficile même, puisqu’il sera probablement éjecté du Top 100 de l’ATP. Si ce n’est cette semaine, ce sera lors de la suivante. Denis Shapovalov se remet toujours d’une blessure au genou, celle-là plus grave que celle de son compatriote et ami, Félix.  

Le Torontois n’a pas disputé de match, en compétition, depuis sa défaite du 9 juillet, à Wimbledon, aux mains de Roman Safiullin. Alors 23^e mondial, l’inactivité a fait chuter Shapo vers le 93^e échelon, en date du 30 octobre.  

Aucune nouvelle ne filtre quant à sa convalescence ou à un éventuel retour. La plus récente lueur d’espoir était survenue en septembre lorsqu’il a accompagné l’équipe canadienne au tournoi à la ronde de la Coupe Davis à Bologne, en Italie.  

Visiblement, il n’était pas prêt à aider l’équipe sur le terrain, mais il s’est manifesté en coéquipier exemplaire en appuyant les Gabriel Diallo, Alexis Galarneau et Vasek Pospisil depuis les estrades. 

Shapovalov ne sera pas de retour avec l’équipe canadienne pour les finales de la Coupe Davis, du 21 au 26 novembre, à Malaga en Espagne. On devine toutefois qu’il sera devant un téléviseur, quelque part, à encourager Félix, Vasek, Milos, Gabriel, Alexis et le capitaine Frank dans la défense du titre acquis 12 mois auparavant. 

Chez les dames, c’est Bianca Andreescu qui devait se retirer de la compétition un mois après Shapovalov. Le 6 août, après sa défaite aux mains de Camila Giorgi à Montréal, c’est un problème de dos qui l’a mise hors de combat. 

Si elle voulait se faire rassurante, au terme de ce match, les forfaits suivants à Cincinnati et aux Internationaux des États-Unis ont confirmé l’ampleur du problème. Les dernières nouvelles à son sujet remontent à la fin du mois d’août. 

Les nouvelles sont plus encourageantes pour nos autres représentantes sur la scène internationale. 

Malgré une partie d’une année en montagnes russes, Leylah semble avoir retrouvé la confiance qui lui avait permis de surprendre le monde en 2021 quand elle a atteint la finale à Flushing Meadows. 

Forte d’un dossier de 36 victoires et 24 défaites en 2023, qualifications comprises, la Montréalaise vogue sur une séquence de 11 victoires à ses 14 derniers matchs, y compris un titre à Hong Kong. 

Actuellement 35^e mondiale, Leylah livrera bataille à la Coupe Billie Jean King du 7 au 12 novembre en compagnie des Rebecca Marino, Gabriela Dabrowski, Eugenie Bouchard et Marina Stakusic. 

Et puisque son nom est mentionné, il est de mise de compléter ce survol avec cette prometteuse jeune Ontarienne. Car Stakusic ne cesse de justifier les espoirs mis en elle depuis quelques années. 

Déjà surprenante à l’Omnium Banque Nationale à Montréal, alors qu’elle avait impressionné tant en simple qu’en double, Stakusic a participé ensuite à une série de tournois qui lui ont permis d’atteindre le 297^e rang mondial, son meilleur classement, à la mi-octobre. 

Au cours des deux derniers mois, Marina a remporté 19 de ses 22 derniers matchs et accumulé trois titres, dont celui de Toronto (W60) le 29 octobre dernier. 

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