Photo : ATP Tour
C’est officiel depuis le 8 avril, Toni Nadal a intégré l’équipe de Félix Auger-Aliassime pour servir d’entraîneur et, surtout, de mentor au jeune prodige québécois. Celui qui a dirigé Rafael Nadal vers tous les sommets imaginables du tennis masculin secondera Frédéric Fontang dans les grands tournois, y compris ceux du Grand Chelem.
Si on peut dire que Toni Nadal est un des grands sages de ce sport, je suis allé chercher l’opinion d’un autre grand sage, celui qui a vu grandir Félix au Centre national de tennis présenté par Rogers(CNT) de Tennis Canada, à Montréal.
Louis Borfiga.
Celui qui, depuis 2006, a jeté les bases d’une structure faisant du Canada un joueur respecté et solide sur la scène mondiale quittera Montréal au mois de septembre pour retourner sur ses terres et profiter d’une semi-retraite bien méritée.
Et, bien sûr, il a vu d’un très bon œil l’arrivée de Nadal dans l’entourage d’Auger-Aliassime. Qui plus est, selon Borfiga, c’est une forme de compliment envers le talent et le potentiel de Félix que d’accepter d’intégrer l’équipe.
« S’il a accepté, c’est qu’il croit que Félix a des chances de remporter un jour un Grand Chelem. Sinon, il n’aurait pas accepté. Il n’irait pas entraîner un joueur et se balader sur le circuit s’il n’avait pas la possibilité de gagner un grand tournoi, ça, c’est sûr », de souligner le vétéran entraîneur. « Toni Nadal a quand même l’expérience avec son neveu sur le plan international et aussi dans la manière de conduire un joueur à gagner un Grand Chelem (et dans ce cas, plusieurs Grands Chelems). C’est donc bien d’avoir près de soi quelqu’un qui sait comment s’y prendre. »
Louis Borfiga
Félix Auger-Aliassime est un résident de Monaco depuis 2019. Louis Borfiga y résidait lui aussi, lorsqu’il était dans la vingtaine. En plus d’être entraîneur au prestigieux club monégasque, il a été le partenaire d’entraînement du Prince Albert et même du légendaire Bjorn Borg. Et pourtant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’a rien eu à voir avec la décision du jeune Québécois de s’installer sur le « Rocher ».
« Moi, je suis parti de Monaco il y a 40 ans, je n’ai plus les contacts de l’époque. Et ce n’est que lorsque la décision a été prise que Félix m’en a fait part et là, je lui ai dit que c’était une très bonne idée. C’était évident que pour un joueur canadien, d’avoir une base en Europe, c’est important. Il y a beaucoup de tournois en Europe et ça évite de faire des voyages incessants ou, du moins, de longs déplacements.
À Monaco, il y a une belle salle de gym, de multiples terrains. Le temps est presque toujours clément. Il y a plein de joueurs qui s’y entraînent. Il y a Djokovic, Dimitrov, Zverev, Goffin, Milos… »
Je ne pouvais m’empêcher de sonder Louis Borfiga sur les deux dernières saisons de Félix Auger-Aliassime, en particulier sur la dernière où, malgré son classement mondial, il pouvait avoir fait un peu de « sur place ».
« Je pense que cette année, il faudra appuyer un peu sur l’accélérateur et rentrer dans les 10 premiers », d’affirmer Borfiga, reconnaissant que l’année 2020 avait été en deçà des attentes, même si la pandémie avait chamboulé le calendrier et les habitudes des athlètes. « C’est évident, ouais. Il faudra que cette année, il crée des exploits et qu’il atteigne le Top10. Parce que ça pousse fort derrière, avec le jeune Sinner et d’autres. Il doit maintenant, à mon avis, faire un peu plus au niveau des résultats. Être plus “méchant” et vouloir “tout casser”, si tu vois ce que je veux dire. »
Félix a tout le potentiel voulu et un arsenal complet de coups. Que lui manque-t-il donc, selon Louis Borfiga ?
« En fait, tous ses coups sont bons. Mais je pense qu’il doit être un peu plus régulier. Ça ne veut pas dire pousser la balle… mais être un peu plus solide quand il y a de longs échanges. Ça, c’est la marque des grands joueurs. Il doit maintenant croire encore plus en lui. C’est peut-être là que l’expérience et l’influence d’un Toni Nadal peuvent créer un impact : la confiance. Nadal peut lui dire : “Allez, tu dois croire en toi. Si je suis là, c’est parce que je crois en toi. J’ai entraîné Rafael et c’est un aspect qui a toujours été majeur. Vas-y, fonce !” Ensuite, on verra au fil des mois s’il y a quelque chose à ajuster dans son jeu. »
Alors, de Borfiga à Nadal… d’un maître à un autre… Félix Auger-Aliassime fait son chemin et ne lésine pas sur les moyens pour se donner toutes les chances d’accéder au Top 10 mondial.
Cela dit, Louis Borfiga a tenu à souligner qu’avant lui et Toni Nadal, il y a eu un certain Sam Aliassime qui a initié Félix au tennis et qui a donné à son fils le goût d’y jouer et la base pour lui faire connaître un départ aussi exceptionnel.
Aliassime et son épouse, Marie Auger, méritent toute son admiration.
« Il a de la chance d’avoir des parents qui ont la tête bien sur les épaules, qui ont les bonnes valeurs. Ça a aidé certes. Très jeune, Félix affichait sérieux, discipline et maturité. Si tous les parents étaient comme ceux de Félix, le métier d’entraîneur serait facile. »
Pas de comptes à rendre au neveu
Et Rafa, dans tout ça ?
« D’abord, il n’a pas à me demander quoi que ce soit. Non. », précise le vétéran gaucher. « C’est mon oncle. Je lui suis très reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi. Je suis content qu’il soit sur le circuit pour quelques semaines… non ? »
Rafael Nadal
Lors de sa première conférence de presse précédant le tournoi à Monte-Carlo, il s’est dit heureux pour… les deux principaux intéressés. Tant pour son oncle, qui l’a dirigé pendant 27 ans, que pour Félix. « Toni a beaucoup d’expérience et toute l’expertise dont quelqu’un peut avoir besoin. Je suis sûr qu’il apportera une aide importante à Félix. »
À Monaco, il aurait fallu que les deux joueurs se rendent en finale pour que Toni Nadal soit divisé entre son neveu et son nouveau protégé.
Le numéro un mondial a lui aussi ajouté son grain de sel, lors de sa rencontre médiatique précédant le tournoi. « Oncle Toni se cherchait probablement un nouveau défi », de lancer le Djoker qui n’a pas été surpris par la décision de l’Espagnol. « Toni était probablement excité par un nouveau projet, une nouvelle aventure sur le circuit avec un des meilleurs jeunes joueurs mondiaux actuels. Félix est un gars fantastique et il a une solide éthique de travail, des aspects qui sont très importants pour Toni. »
Laissons le mot de la fin à un des grands rivaux du Québécois, malgré leur jeune âge, Stefanos Tsitsipas. « Je ne l’ai pas vu venir. Je pense que c’est un avantage de compter sur un entraîneur comme lui. », d’avouer le Grec, avant de conclure par cette tirade : « Mais il n’ira pas sur le terrain jouer à sa place. Même s’il lui refile quelques conseils et qu’il donne son avis, c’est sur le court que ça finira par se jouer. »
Et si Rafael Nadal devait rencontrer Félix sur le terrain (leur seul duel a été remporté par l’Espagnol, 6-3, 6-3, il y a deux ans sur la terre battue de Madrid) ? Comment réagirait Toni ? Voici la réponse qu’il donnait, lors d’une entrevue sur le site de l’ATP, le 8 avril dernier.
La réponse parfaite d’un homme sage.
« Je suis l’oncle de Rafa et le directeur de son Académie. Mais par-dessus tout, j’ai une affection spéciale pour mon neveu. S’il doit perdre contre quelqu’un, alors que ce soit contre Félix. Le jour où ils s’affronteront, je ne serai assis dans aucune des deux loges, par respect pour eux. »
Toni Nadal
Cette déclaration se trouve ici, dans une intéressante séance de questions-réponses menée par le journaliste Javier Mendez.
Félix trébuche à MC
Le premier match de cette nouvelle association, dans la cour même de Félix, ne se sera pas déroulé tel que souhaité alors qu’Auger-Aliassime a été éliminé d’entrée par le Chilien Christian Garin, 7-6 et 6-1
Dans un match interrompu par la pluie, lundi soir, puis repris sous le soleil mardi, en début d’après-midi, Félix avait pris les devants 5-2. Mais c’est là que la chaîne a débarqué.
Malgré qu’il se soit donné deux balles de manches à 5-3 et deux autres à 6-5, il a vu son adversaire remporter 8 des 9 jeux suivants pour prendre les devants 7-6 et 3-0. La suite n’a guère traîné.
En panne de son premier service, quand il en avait besoin, et face à un adversaire en pleine possession de ses moyens, le Québécois a rapidement été envoyé aux douches.
À sa décharge, disons que le Chilien n’est pas un simple figurant. Même s’il est 24e au monde, le Sud-Américain de 24 ans a déjà remporté cinq titres en carrière, tous sur terre battue, le dernier sur SA terre à lui, à Santiago au Chili, le 24 mars.
Comme le mentionnait Louis Borfiga, plus tôt dans ce blogue, Félix devra gagner les longues batailles. Et à Monte Carlo, mardi, il ne l’a pas fait. Dans les échanges de plus de neuf coups, Garin a dominé 17-8. Quand Borfiga parlait d’être plus « méchant », il pensait peut-être un peu aux balles de set bousillées par le jeune homme. Ajoutez à cela un total de 45 fautes directes (23 de plus que Garin) et vous avez le portrait.
Un point positif, que Toni Nadal a certainement apprécié, c’est que le jeune s’est battu et ne s’est jamais découragé. Et ce type d’attitude est un des critères majeurs pour un entraîneur qui a entraîné un certain Rafael Nadal pendant 27 ans…
Attendons la suite…
Coupe BJK : Leylah contre les Serbes
La star montante du tennis canadien, Leylah Annie Fernandez, n’en sera qu’à sa deuxième participation à la Coupe Billie Jean King (anciennement Fed Cup), mais la progression de la joueuse de 18 ans en fait déjà une tête d’affiche parmi celles qui évolueront dans le cadre de la rencontre de barrage, les 16 et 17 avril.
Dans le cas du Canada, cette compétition de deux jours l’opposera à la Serbie. Les matchs seront disputés à l’intérieur, dans le Sport Hall Ibar de Kraljevo, une ville située à quelque 185 km au sud de la capitale, Belgrade.
Rappelons que Fernandez, 72e mondiale, fera équipe avec Rebecca Marino et Carol Zhao, respectivement 230 et 421e en simple. Sharon Fichman, classée 54e en double, complétera le quatuor dirigé par la capitaine Heidi El Tabakh.
Leurs rivales seront Nina Stojanovic (87e), Olga Danilovic (162e), Ivana Jorovic (237e) ainsi qu’Aleksandra Krunic, classée 56e en double.
Les duels pourront être vus, vendredi et samedi, sur les ondes de Sportsnet One et sur Internet (SN Now).
Depuis son premier titre, à Monterrey au Mexique, Leylah Annie Fernandez a connu une sortie rapide à Charleston en Caroline du Sud. Elle a rejoint l’équipe canadienne en Serbie en vue de ces deux jours de compétition.
Ses récents succès lui ont même valu de faire la une du magazine de la Fédération internationale de tennis (ITF) en vue de ce week-end de la Coupe BJK.
Comme si la jeune Québécoise n’avait pas fini de nous surprendre, voilà qu’elle cite une personnalité du soccer international comme référence pour sa stratégie. Nul autre que Pep Guardiola, l’entraîneur renommé du club anglais Manchester City.
Et attendez de lire les autres noms d’étoiles sportives, citées par l’athlète de 18 ans, dans cet article. Vous constaterez qu’elle ne manque pas d’imagination… ni de détermination.
Mais ça, on le savait déjà.
Longue vie à « Gaël-ina »
Nous les avons trouvés beaux, charmants. Puis, après une petite frousse, les voilà repartis pour plusieurs années, espérons-le.
Le plus récent couple du tennis professionnel a récemment annoncé son mariage. Ainsi, l’Ukrainienne Elina Svitolina et le Français Gaël Monfils uniront leur destinée en juillet 2021.
Et cette annonce romantique, faite sur les réseaux sociaux début avril, en a surpris plus d’un puisqu’elle survenait quelques mois après une autre annonce, par Monfils, de leur séparation.
Qu’à cela ne tienne, l’important c’est qu’ils soient de nouveau réunis et que leurs fidèles supporters pourront continuer à suivre leur compte conjoint « G.E.M.S » sur Instagram, un nom formé de leurs quatre initiales tout en s’auto-identifiant comme des pierres précieuses.
Charmants, vraiment.
Les couples célèbres du tennis
Dans l’histoire récente du tennis, Svitolina et Monfils sont déjà parmi les couples célèbres (« power couples ») les plus connus.
Oh ! Mais vous direz qu’ils n’ont aucun titre du Grand Chelem à leur palmarès. Vous avez raison. Mais à l’ère des médias sociaux, leur notoriété a trouvé une immense compensation. À vous de décider quel sera leur rang dans le Top 5 ou le Top 10 de ces couples renommés du tennis.
Mais, tout d’abord, quels sont les critères pour être, justement, un de ces « power couples » du tennis ? Je crois qu’il est question de la notoriété des deux personnes, AVANT de commencer à se fréquenter. Donc, ils doivent avoir connu du succès en tant que célibataires maniant la raquette.
Pour la suite, peu importe la longévité. Comme c’est le cas partout dans la société, les couples durables sont des exceptions. Alors je n’ai pas inclus la durée de l’union dans mes critères pour dresser la liste.
Allons-y, en commençant par les deux plus impressionnants couples célèbres du tennis.
En deuxième place, je pense à deux jeunes et (très) prometteurs athlètes. En 1972 Chris Evert et Jimmy Connors se rencontrent et tombent amoureux. Elle était âgée de 19 ans, lui, de 22. En 1974, sur le gazon de Wimbledon, tous deux champions à 24 heures d’intervalle, ils s’embrassaient tendrement avec leurs trophées, ce qui leur a valu le surnom de « Love Double »
Et ils étaient sur le point de se marier, quatre mois plus tard quand la jeune femme d’alors a mis fin à leur relation. Tout de même, ils ont eu à se croiser au nouveau dans les banquets de champions du Grand Chelem puisqu’en 1976, 1978 et 1982, ils ont tous deux remporté les Internationaux des États-Unis.
Ils totalisent 26 titres du GC (elle, 18 et lui, 8), ils ont tous deux été numéros un mondiaux (Evert, un total de 260 semaines, Connors, 268 semaines)
En première place, sans nul doute : Steffi Graf et Andre Agassi.
Même s’ils avaient tous deux triomphé à Wimbledon, en 1992, ce n’est que sept ans plus tard que Cupidon, auteur d’un as percutant, les a réunis dans une danse au bal des champions de Roland-Garros. La danse dure toujours, d’ailleurs.
Ils totalisent 30 titres du GC (Elle, 22 et lui, 8), ils ont tous deux été numéros un mondiaux (Graf, un total de 377 semaines, Agassi, 101 semaines)
Voici maintenant, dans l’ordre ou le désordre, quelques autres exemples de couples célèbres, au tennis, mais dont l’existence a été passablement plus courte. Certains de ces duos ne comptaient qu’une seule « vedette »… mais c’était toute une vedette !
- Bjorn Borg et Mariana Simonescu, une union qui se sera étendue sur une décennie. (1974-1984)
- Roger Federer et Miroslava Vavrinec, mieux connue sous le surnom de Mirka, et toujours unie au Roi Roger (2000 – )
Voici des couples qui, peu importe leur durée, comportent au moins un titre du GC de chaque côté.
- Kim Clijsters et Lleyton Hewitt (2000-2004)
- Martina Hingis et Radek Stepanek (2006-2007)
- Petra Kvitova et Radek Stepanek (2014)
- Ana Ivanovic et Fernando Verdasco (2008-2009)
- Kristina Mladenovic et Dominic Thiem (2017-2019)
En voici d’autres, dont les femmes ont remporté au moins un titre majeur et dont les hommes ont fait partie du Top 10 de l’ATP
- Flavia Penetta et Fabio Fognini (2014- )
- Maria Sharapova et Grigor Dimitrov (2012-2015)
Drôle de façon de célébrer
Lorsque vous voyez un joueur de tennis lancer violemment sa raquette au sol, il y a de fortes chances qu’il soit frustré, découragé, en proie à une grande colère. Les images des Zverev, Djokovic, Medvedev, Kyrgios, Murray, Dimitrov ou Paire, ou même des Serena Williams et Simona Halep ont maintes fois meublé les médias sociaux au fil des dernières années.
Mais l’Italien Musetti vient de porter ce geste à un autre niveau.
Différent.
Le 8 avril dernier, sur la terre battue de Cagliari, Musetti disputait un match de deuxième tour au tournoi de Sardaigne. L’Italien a effacé quatre balles de match pour finalement l’emporter au jeu décisif de la troisième manche aux dépens de l’Anglais Dan Evans.
En entrevue d’après-match, Musetti a surpris les journalistes en disant qu’Evans lui avait manqué de respect au cours de la rencontre. Expliquant, par le fait même, cette réaction un peu extrême pour un vainqueur.
Pas de question, votre honneur!
Le mot de la fin… ou plutôt l’ABSENCE the mot de la fin appartient à Hubert Hurkacz, le Polonais, après sa victoire de premier tour contre l’Italien Thomas Fabbiano, 6-3, 3-6 et 6-3, à Monte Carlo.
La conférence de presse d’après-match la plus expéditive de l’histoire du tournoi?
Ça se passe de commentaire.
D’ailleurs, c’est exactement le cas. Il n’y en a eu aucun.
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