Françoise Abanda raises her fist after winning a point

Photo : Tennis Canada

L’Omnium Banque Nationale commence officiellement le 7 août avec le tirage des tableaux principaux des épreuves de Toronto et de Montréal. J’aurai le plaisir de partager avec Tom Tebbutt l’honneur de vous transmettre des comptes rendus des deux tournois tout au long de la semaine.

Vous pourrez consulter, un peu plus bas sur cette page, un rappel des restrictions liées à la sécurité et la santé du public et des athlètes, aux deux endroits.

Les Shapovalov, Auger-Aliassime, Raonic, Pospisil et autres (Diez, Polansky et Schnur) seront nos espoirs canadiens à Toronto, tout comme, à Montréal, les Andreescu, Fernandez, Marino, Zhao et Abanda.

Françoise Abanda ?

En effet, l’Omnium Banque Nationale devrait signifier pour la Montréalaise une première étape en vue de son retour à la WTA après une longue absence de la compétition.

Photo : Paul Rivard

La pandémie et l’inactivité l’ont reléguée au 352e échelon mondial. Sachant qu’elle a toujours le talent et le potentiel pour affronter des joueuses du Top 100 — et que Tennis Canada pense toujours à ses athlètes lorsque des tournois se tiennent chez nous —, il ne faudra donc pas se surprendre de retrouver Abanda dans la liste des joueuses qui recevront un laissez-passer pour les qualifications de l’OBN 2021.

Oui, Françoise revient de loin.

Trois semaines avant le tournoi, j’ai pu la croiser après une séance d’entraînement. Je l’ai sentie heureuse et soulagée de voir la lumière au bout du tunnel, enfin.

« C’est positif… maintenant, c’est positif ! », insiste-t-elle avec un soupir de soulagement. Pour une fois, tout son corps est à 100 %. « Surtout après les derniers mois où j’ai si peu joué. J’ai attrapé la COVID-19, cet hiver, en Floride. Par la suite, j’ai pris une pause médicale et j’ai décidé de ne pas voyager pour me refaire une santé et un moral. Et là, je suis contente de reprendre les entraînements et les tournois, bientôt. »

Photo : Cécile Essono

Et qui se trouvait sur le court pour superviser ? Nul autre que Sylvain Bruneau, ex-entraîneur de Bianca Andreescu maintenant redevenu chef du tennis féminin professionnel et de transition chez Tennis Canada. Bruneau remplaçait pour quelques semaines Francisco Sanchez. Ce dernier, ancien entraîneur de Leylah Annie Fernandez, a accompagné la joueuse au cours des derniers mois, vers son retour.

J’ai voulu savoir quelle évaluation Bruneau pouvait faire, à ce stade-ci, de Françoise Abanda.

Il faut préciser une chose et Françoise est la première à l’avouer, elle est loin du niveau qu’elle a connu. Elle recommence après une longue période sans compétition et avec juste un peu d’entraînement.

Sylvain Bruneau

Mais l’entraîneur a aimé ce qu’il a vu, jusqu’ici. « Françoise, c’est une joueuse de talent. Elle a été choyée, elle a une main extraordinaire, de bonnes sensations avec la balle et elle a un bon flair pour le jeu. C’est une joueuse intelligente. Même si elle s’est peu entraînée et compte tenu de la pause prolongée, je suis agréablement surpris. »

Abanda est très reconnaissante de la venue temporaire d’un « releveur » de la trempe de Sylvain Bruneau. Rappelons qu’elle a disputé plusieurs matchs de la Fed Cup sous la direction de Bruneau, alors capitaine de l’équipe canadienne.

Il m’a entraînée quand j’étais chez les juniors et il y a eu les épisodes de Fed Cup. Les échanges sont familiers puisqu’on se connaît depuis longtemps. Il connaît bien mon tennis donc c’est super cool de l’avoir. Je profite de son coaching et je prends tout ce qu’il a à me donner pour apporter de petits ajustements.

Françoise Abanda
Photo : Paul Rivard

Quant à la possibilité d’un laissez-passer pour l’OBN, Bruneau a confirmé que le comité de direction considère la chose. « Mais ce sera pour les qualifications, bien sûr. Comme on dit, il faut marcher avant de courir. Et Françoise a besoin de frapper beaucoup de balles et de disputer des rencontres simulées. Oui, en qualification, ce serait bien. »

Il faut peut-être le rappeler, Abanda n’a que 24 ans. Elle a joué ses premiers tournois professionnels à 15 ans (2012). À 17 ans, elle atteignait le 175e rang mondial alors qu’elle a obtenu son meilleur classement à vie en octobre 2017 (111e) quand était âgée de 20 ans.

Malgré quelques épisodes de blessures, elle a tout de même compilé un dossier de 17-9 en 2019 et 8-4 en 2020. Cette année, elle n’a disputé que les qualifications de deux tournois, soit à Rome (Géorgie) et à Orlando (Floride) où elle a inscrit deux victoires et subi deux défaites avant d’être mise KO par le virus.

Ses meilleurs moments ont certes été les victoires enregistrées lors de la Fed Cup (maintenant BJK Cup) en février 2017, alors qu’elle avait disposé des Kazakhes Yaroslava Shvedova (51e) et Yulia Putintseva (31e) en deux manches, chaque fois. Elle était alors au 185e rang du circuit.

En 2018, classée 191e mondiale, elle a également impressionné au tournoi de Montréal (alors la Coupe Rogers) lorsqu’elle a battu la belge Kirsten Flipkens, alors 47e, au premier tour.

Chaque fois, ces succès ont été enregistrés à Montréal. De là à penser qu’elle pourrait à nouveau avoir bon espoir de bien faire chez elle, cette année, il n’y a qu’un pas.

« Ça fait cinq mois que je n’ai pas disputé de tournois, mais je ne voudrais pas rater Montréal. Je sais qu’il n’y aura du public qu’au Court central, mais au moins je suis chez moi et je n’aurai pas besoin de voyager pour l’instant. C’est un bon départ », mentionne-t-elle. « Psychologiquement, je me sens bien et je suis confiante. C’est évident que je n’aurai pas d’objectifs, comme me rendre à telle ou telle ronde. Juste de jouer et de me sentir bien sur le terrain. De m’amuser. Je me sens capable d’aller chercher des victoires si tout va bien. Puis de bâtir là-dessus pour la suite. »

Et la suite, justement ?

« Je suis inscrite à Cleveland et à Chicago, des tournois préparatoires au US Open. Faudra voir comment les classements vont évoluer… quand on risque de perdre nos points… et tout ça. Comme il n’y a pas d’épreuves ITF aux États-Unis dans les mois à venir, on tentera de trouver d’autres tournois. »

Françoise Abanda practices at the National Tennis Centre in Montreal
Photo : Paul Rivard

OBN : Pourquoi seulement 5 000 spectateurs ?

Vous avez été nombreux à m’écrire pour me faire part de votre étonnement — et de votre déception — quant à la limite de 5 000 spectateurs par séance à l’Omnium Banque Nationale de 2021.

Car malgré l’ouverture des gouvernements du Québec et de l’Ontario à élargir à 15 000 personnes le nombre de spectateurs permis pour des événements extérieurs, la capacité en vue du prochain tournoi montréalais est, elle, demeurée à 5 000.

J’ai demandé, en votre nom, des explications à la direction du tournoi et je retranscris ici la réponse.

« Nous devions présenter des protocoles très stricts pour assurer une bulle autour des athlètes et des travailleurs internationaux. La partie du site qui comprend les terrains d’entraînement leur sera donc réservée. D’ailleurs, à Montréal, nous avons dû dépenser une somme très importante pour installer une grande passerelle qui permettra aux joueuses de se rendre à ces terrains sans se mêler à la foule (toujours selon le principe de la bulle obligatoire). » 

Passerelle des joueuses – Stade IGA, Montréal. Photo : Tennis Canada

« Pour ce qui est du nombre de spectateurs, la capacité normale du Court central est de 11 800 à Montréal (et de 11 000 à Toronto) ; nous ne pouvons donc pas accueillir plus de 5 000 amateurs si nous voulons respecter les directives de la santé publique concernant la distanciation physique. Les gens n’auront pas non plus accès aux courts secondaires, seulement au Court central. Ils devront porter un masque lorsqu’ils se déplacent, mais ils pourront l’enlever lorsqu’ils seront assis à leur place. Il n’y aura que deux concessions alimentaires ouvertes sur le site à Montréal (aucune à Toronto), nous inviterons donc les gens à commander à partir du service aux sièges offert sur notre application. »

Plus de détails ici : https://omniumbanquenationale.com/fr/le-tournoi/mesures-sanitaires-covid-19/

Djokovic : « La chaîne a débarqué ! »

C’est la première image qui m’est venue en tête lorsque j’ai vu le résultat de la demi-finale des Jeux olympiques de Tokyo. Puis de la malheureuse suite des événements.

Une image du tour de France avec un cycliste, détenteur du maillot jaune, et installé en tête du classement et que personne ne pourra rejoindre. Et vlan… il crève ou, pire, sa chaîne débarque et il se fait dépasser par ses plus proches rivaux pour terminer platement au pied du podium.

Certains trouveront la comparaison boiteuse, mais à regarder aller le Djoker depuis le début de l’année… et SURTOUT depuis le début du tournoi olympique, on était assuré que la médaille d’or l’attendait dans le coffre-fort de sa chambre d’hôtel depuis plusieurs jours.

Pourtant, non. Fin de ce grand rêve d’un Grand Chelem doré.

Rappelons que le Serbe avait ridiculisé l’opposition depuis le début de cette semaine à Tokyo. En quatre matchs, il avait passé un total de quatre heures et 55 minutes sur le terrain (une moyenne de 74 minutes par rencontre). Il n’a accordé que 17 jeux à ses quatre rivaux (une moyenne de quatre petits jeux par duel !).

Et son adversaire de la demi-finale, Alexander Zverev, était parti pour subir un sort semblable quand, au sixième jeu de la deuxième manche, Djokovic au service, menant 6-2 et 3-2… la fameuse chaîne a débarqué.

L’Allemand a alors remporté HUIT jeux consécutifs, brisant le Serbe quatre fois de suite pour filer vers la victoire sur le score final de 2-6, 6-3 et 6-1, à la stupéfaction générale de la planète tennis.

Quelle était cette phrase célèbre du baseballeur Yogi Berra, déjà ? Oui, c’est ça ! « Ce n’est pas terminé tant que… ce n’est pas terminé ! » Le tennis venait de nous en livrer un exemple patent.

Novak Djokovic smashes his racket during the Olympics in Tokyo

Le lendemain, comme si la chaîne ne suffisait pas, c’est le vélo qui a foncé dans le mur, égratignant le vernis de ce qui était une machine si reluisante.

Autre défaite dans le match pour la médaille de bronze face à Pablo Carreno Busta et des raquettes qui volent au loin en guise de colère. Pire, prétextant une blessure à l’épaule, il déclarait forfait quelques minutes plus tard pour le match de la médaille de bronze du double mixte, privant sa compatriote Nina Stojanovic de la chance de remporte un rare honneur dans sa carrière.

Blessure réelle ou incapable de surmonter la frustration d’un rendez-vous (doublement) raté ? Besoin de sortir de là au plus vite ? Et de se préserver pour quelque chose de plus gros comme les Internationaux des États-Unis et la réalisation du Grand Chelem ?

Disons que l’idéal olympique venait d’en prendre pour son rhume. Notre Serbe va-t-il se voir accoler le surnom de « Novak Jekyll et Novak Hyde » ?

Chaleur tokyoïte

Mais Novak Djokovic n’est pas que talent et caractère. Il sait démontrer du leadership comme ce fut le cas au début du tournoi.

Le Serbe a alors sonné l’alarme quant aux conditions suffocantes pour son sport. Après son affrontement initial, il avait suggéré aux organisateurs de commencer les rencontres quotidiennes afin de soustraire les athlètes aux pénibles conditions. Après un duel dans une chaleur étouffante, il notait que son match était le dernier au programme sur le Central et la soirée n’était pas commencée.

« Je ne comprends pas pourquoi ils ne commencent pas les matchs à, disons, 15 h », commentait Djokovic. « Nous aurions tout de même sept heures devant nous et il y a des lumières sur tous les terrains ! »

Son message est resté lettre morte, malheureusement, et les plaintes se sont multipliées. Daniil Medvedev a même connu une rencontre difficile où il s’est dit prêt à mourir sur le terrain, non sans avoir demandé aux organisateurs qui en porterait le blâme, le cas échéant.

Il aura fallu voir l’Espagnole Paula Badosa (tombeuse d’Iga Swiatek) subir un dramatique coup de chaleur pendant son match l’opposant à Marketa Vondrousova.

Badosa devait déclarer forfait et quitter le court en fauteuil roulant pour que la Fédération internationale de tennis modifie l’horaire.

Trop peu, trop tard, le mal était fait et les appréhensions quant aux pénibles conditions météorologiques de Tokyo venaient de se matérialiser plusieurs fois.

Car, la période choisie pour les Jeux de 2020, dans la capitale du Japon, avait fait sourciller dès l’annonce de cette candidature retenue (2013). En effet, la chaleur éprouvante de juillet est chose connue là-bas alors que les températures de 30 degrés et le taux d’humidité dépassant les 70 pour cent sont courants. Les derniers Jeux tokyoïtes, en 1964, avaient d’ailleurs été tenus en… octobre.

On semblait plus raisonnés en ce temps-là.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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