The Canadian olympic team enters the stadium

Photo : Canadian Olympic Committee/Vincent Ethier

Le débat n’est pas nouveau. Et il durera encore un bout de temps.

Les vedettes du tennis souhaitent-elles disputer le tournoi olympique ? Même s’il n’y avait pas de pandémie ?

La situation mondiale actuelle a vu plusieurs grands noms du tennis remettre en question la tenue ou non d’un tel événement. Oui, ils disent souhaiter ardemment y aller, mais…

Mais, en fait, la pandémie a le dos large pour certains. Pas besoin de nommer de noms, mais on peut se questionner tout de même et ça met la table pour un bon débat d’opinions.

Naomi Osaka, Kei Nishikori, Rafael Nadal et Roger Federer, pour ne nommer que ceux-là, ont récemment exprimé des réserves quant à la tenue des Jeux olympiques de Tokyo, alors qu’à moins de 10 semaines de leur inauguration, le Japon est aux prises avec une quatrième vague de COVID-19.

Et ici, j’écris « des réserves » parce que c’est leur version officielle sur un sujet qui s’avère une patate chaude pour ces idoles d’un sport planétaire, des superstars qui sont parmi les plus importants influenceurs. Sans oublier l’impact sur leurs ententes financières avec tant d’importantes entreprises.

ET, le plus important. Il y a cette question de santé pour des êtres humains.

Avant tout, revenons un peu sur la récente histoire du tournoi de tennis olympique.

Qu’ont en commun Miloslav Mecir, Marc Rosset, Lindsay Davenport, Nicolas Massu, Elena Dementieva et Monica Puig ? Ils ont tous remporté une médaille d’or en simple depuis que la discipline a réintégré le programme olympique en 1988. Un titre prestigieux, probablement le plus prestigieux d’une carrière ordinaire, en général.

Qu’ont en commun les Roger Federer, Novak Djokovic, Maria Sharapova, Pete Sampras, Monica Seles, Arantxa Sanchez-Vicario, Boris Becker, Martina Hingis et Stefan Edberg ? Ils n’ont pas de médaille d’or olympique en simple, malgré leur impressionnante collection de succès dans les tournois les plus renommés.

Et je ne pense pas que cette lacune ait (ou aura) gâché leur bilan au moment de prendre leur retraite.

Comme les vedettes du golf, du basketball, du baseball, du hockey, du soccer, du cyclisme. Sans mettre en doute l’amour de leur drapeau, l’importance d’ajouter une médaille olympique à leur palmarès n’est qu’accessoire.

Contrairement aux acteurs d’autres disciplines des Jeux, tels l’athlétisme, le ski de fond, la natation, le patinage artistique, le patinage de vitesse, la gymnastique, l’escrime, le bobsleigh, l’haltérophilie et le volleyball. Pour eux, l’or olympique est le Saint Graal.

Comprenez-moi bien, je ne dénigre pas du tout ces sports.

Je dis simplement qu’ils ne sont pas logés à la même enseigne quant à l’importance d’une victoire olympique, par rapport à plusieurs sports professionnels par équipe ou individuels.

Quant aux athlètes nommés en début de texte, je ne doute pas de leur désir de participer aux Jeux. Mais je doute de leur intérêt à se rendre à CES Jeux, à Tokyo, dans les circonstances actuelles.

Même si Naomi Osaka est la nouvelle mégastar sportive du Japon. Même si Roger Federer clame qu’il lui manque ce seul trophée à un tableau de chasse fabuleux. Même si Rafael Nadal, fier Espagnol s’il en est un, a déjà goûté à la jouissance morale d’entendre son hymne national, debout, sur la plus haute marche d’un podium.

Entre vous et moi, ça ne changera pas grand-chose à leur vie.

Mais parlons maintenant de leur réputation.

Ils ont des tas d’ententes de commandites avec des équipementiers majeurs dans le sport et autres entreprises de prestige. Ils doivent être prudents. Sans prendre position, ils viennent simplement de se dédouaner en disant les mots que tous veulent entendre, livrant des phrases revues plusieurs fois par les spécialistes de l’image et… plusieurs avocats.

Je terminerai en vous rappelant le fameux virus Zika venu embêter les organisateurs des Jeux de 2016 de Rio. Il n’y a aucune comparaison avec la COVID-19.

Et pourtant, le mois précédent, Milos Raonic, finaliste de Wimbledon, ainsi que les Simona Halep, Dominic Thiem, John Isner et Tomas Berdych, entre autres, avaient décidé qu’ils ne voulaient courir aucun risque et ont déclaré forfait.

Simona Halep plays mini tennis near the Montreal Olympic Stadium
Photo : Arturo Velazquez/Tennis Canada

Tout comme les dieux du basketball et du golf, à l’époque.

Etc., etc.

Alors, à moins d’une embellie sanitaire majeure dans les deux prochains mois à Tokyo (ce qu’on souhaite de tout cœur), préparez-vous à une bonne dose de forfaits en vue du tournoi olympique de tennis, en juillet prochain.

À moins que ne soit le Japon qui en arrive à déclarer forfait…

L’exploit de « Phénix » Fichman

L’image de cet oiseau mythique fut mon premier flash lorsque la vétérane canadienne Sharon Fichman a triomphé sur la terre battue de Rome en finale du double avec sa coéquipière mexicaine Giuliana Olmos.

Fichman mettait la main sur le plus important titre de sa carrière.

À 30 ans.

Dans la mythologie grecque, le phénix est un oiseau doué d’une grande longévité, car il peut renaître de ses cendres. On le surnomme aussi « l’Oiseau de feu ».

Quelle résurrection, en effet, pour Sharon Fichman qui avait pris sa retraite au printemps 2016, elle-même consumée par le feu des blessures et convaincue qu’elle en avait fini avec le tennis ! Deux ans plus tard, après avoir notamment agi comme entraîneur et analyste à la télévision (Sportsnet), voilà qu’elle décide de revenir à la compétition en avril 2018.

Depuis, elle a enchaîné les tournois de tous les niveaux et atteint plusieurs demi-finales et finales avec des tas de partenaires différentes. Le dimanche 16 mai, c’était l’apothéose, sorte de consécration d’une détermination à toute épreuve.

Elle occupe désormais le meilleur classement de double de sa carrière, soit le 31e échelon, un rang derrière sa partenaire Olmos.

Sharon Fichman and Giuliana Olmos wins doubles title in Rome
Photo: Jimmie48 Tennis Photography

J’ai voulu parler de cet exploit avec quelqu’un de bien placé pour m’en exprimer toutes les facettes.

  • Une amie de Sharon Fichman.
  • Une ex-joueuse de double de la WTA, 54e mondiale en 2010.
  • Une ancienne partenaire de double de Sharon (automne 2012).
  • Une de mes collègues analystes de tennis, pendant plusieurs années à TVA Sports, dont les quatre dernières à l’Omnium Banque Nationale à Montréal.

Ces quatre personnes ne faisaient qu’une : Marie-Ève Pelletier.

Marie Eve Pelletier smiles at the camera in the commentators booth at the montreal IGA stadium

« J’étais tellement heureuse pour elle ! », de mentionner Pelletier. « On peut dire qu’elles l’ont mérité, leur titre. Deux matchs dans la même journée dimanche. Et puis, il faut rappeler qu’elles n’étaient même pas sûres d’entrer dans ce tournoi, ayant le statut d’équipe remplaçante. Elles sont d’ailleurs le premier duo de remplaçantes à remporter le titre à Rome. Nous avons échangé des textos pendant les trois derniers jours du tournoi et ça m’excitait de la voir aller. »

Pelletier se rappelait bien une conversation de 2016, alors que les blessures persistantes avaient hâté la décision de Fichman de prendre sa retraite. « Je lui avais pourtant dit à Sharon. Es-tu bien sûre de vouloir arrêter ? Tu verras, une fois que c’est terminé, ce n’est pas si amusant que ça. Il n’y a qu’une période dans ta vie où tu peux jouer. Après ça, c’est trop tard ! »

Toutefois, selon Marie-Ève, Sharon a vécu ce que vivent plusieurs joueuses parties à la retraite soit en raison de blessures ou parce qu’elles ont eu un enfant.

« Quand tu sors de cet environnement, tu prends du recul. Tu analyses et tu comprends bien des choses. Puis, comme ça te manque, tu décides de revenir, mais là, tu joues pour les bonnes raisons. »

Selon elle, Sharon a aussi été encouragée par son conjoint Dylan Moscovitch dans ce retour, particulièrement avec l’objectif d’aller aux Jeux olympiques de Tokyo. « Avec ce genre de résultat, à Rome, c’est clair que ses chances augmentaient. Mais, d’autre part, outre l’invitation certaine de Gaby Dabrowski, allait-on aussi l’inviter dans l’équipe ou bien allait-on confier la tâche du double également à Bianca Andreescu qui était sûrement qualifiée pour les Jeux ? », se demande Pelletier. « Quoique maintenant, avec la situation sanitaire au Japon, rien n’est certain. »

Le pire cauchemar de Pliskova

Karolina Pliskova waves goodbye with a sad face
Photo : Jared Wickerham/Tennis Canada

On ne le souhaite à personne, mais ça arrive.

Le « bagel », la « bulle », peu importe le nom qui décrit un score de 6-0, c’est toujours pénible à vivre pour n’importe quelle personne tenant une raquette. Chez les pros, c’est encore un peu plus humiliant.

Quand on fait partie du Top 10 depuis près de CINQ ans, c’est dévastateur. Quand ça survient en finale d’un tournoi juste au-dessous des Grands Chelems. Et quand ce sont les deux manches…

Bon. J’arrête ici.

En ce 16 mai, la Tchèque Karolina Pliskova, 9e mondiale, a été battue sèchement 6-0 et 6-0 par la jeune Polonaise Iga Swiatek (15e) en finale du tournoi WTA1000 de Rome. Une première dans la ville Éternelle.

Dans ce match qui n’a duré que 48 minutes, la Polonaise de 20 ans a disputé six jeux au service et elle n’a cédé aucun point à sa rivale dans cinq de ces six parties. Un parcours presque parfait.

Sur le site du quotidien français L’Équipe, le premier paragraphe du compte-rendu, fort imagé, résumait assez bien ce démolissage en règle de la Polonaise.

(…) Karolina Pliskova a été éparpillée par petits bouts, façon puzzle, par une Iga Swiatek qui avait tout du Terminator totalement insensible au sort de sa victime. (…)

L´Équipe

Puisque j’avais eu Marie-Ève Pelletier au bout du fil (voir segment précédent), il appert qu’elle venait tout juste de commenter cette finale à TVA Sports. Elle était sidérée. « Non seulement Swiatek était dans une super journée, mais rien ne fonctionnait pour Pliskova. Elle n’a gagné que 13 des 64 points au total. »

Pelletier, comme bien d’autres, a elle aussi vécu cette pénible expérience même si, en souriant, elle préfère justifier la mémoire sélective et ne pas se souvenir.

Alors, ça fait quoi ?

« Eh bien, ça dépend. Tout est dans la manière. Si la plupart des jeux ont été serrés et que la différence tenait à peu de choses, il y avait une forme de consolation. Mais dans le cas de Pliskova, c’était loin d’être comme ça. »

Marie-Ève Pelletier

Et Marie-Ève d’ajouter : « Je me souviens d’un match, à l’Omnium Banque Nationale, dans mon propre pays. Je perdais 6-0 et 3-0. Lorsque j’ai finalement remporté une partie, j’ai levé les bras dans les airs, en dérision. Mais j’avais sauvé l’honneur, c’était le principal. PERSONNE ne veut perdre avec un double bagel ! »

Les Italiens arrivent !

Sidérant !

J’étais hypnotisé par ce match de demi-finale, à Rome, quand Novak Djokovic a dû puiser dans toutes ses réserves pour venir à bout du joueur local Lorenzo Sonego. L’Italien de 26 ans a livré un tennis inspiré, galvanisé par les hurlements de ses compatriotes face au numéro un mondial qu’il n’a finalement pu vaincre.

Lorenzo Sonego fist pumps
Photo : Corinne Dubreuil//ATP Tour

Sonego n’est qu’un des nombreux tennismen de l’Italie dont l’émergence nous a frappés depuis un an. Quand ce n’est pas lui, c’est Stefano Travaglia ou Salvatore Caruso qui fait une percée ou réalise une victoire surprise.

Ah oui, il y a ce jeune Lorenzo Musetti, 19 ans seulement, qui donne du fil à retordre aux membres du Top 20 (il vient d’éliminer Félix Auger-Aliassime au 1er tour, à Lyon) et il grimpe.

Oh, j’oubliais. Il y a le plus bel espoir de l’Italie (et de l’ATP en général) nommé Jannik Sinner, 19 ans lui aussi.

Bon, un autre que j’oubliais. Il y a le puissant Matteo Berettini, un colosse qui, à 25 ans, vient d’accéder au Top 10.

Matteo Berrettini smiles during a press conference
Photo : Corinne Dubreuil/ATP Tour

On ne sait plus où donner de la tête. Derrière chaque porte de vestiaire ou de stade, il y a un Italien en maraude, prêt à sauter sur le terrain.

En 1966, une comédie intitulée « Les Russes arrivent », du réalisateur canadien Norman Jewison, avait fait un tabac en Amérique du Nord et récolté quatre nominations aux Oscars. En 2021, il s’agit d’une production — non fictive — de l’ATP, qui s’appelle : « Les Italiens arrivent ! » et le reste de la planète tennis ne la trouve pas drôle du tout.

Ils sont maintenant neuf dans le Top 100. Oui, NEUF joueurs italiens dans le Top 100 de l’ATP. C’est seulement un de moins que l’Espagne (10) et deux de moins que la France (11).

Mais ça demeure un énorme bond vers la respectabilité puisqu’il y a quelques années, seuls Fabio Fognini et Andreas Seppi assuraient la permanence.

Les voici, en date du 17 mai.

Le secret de Rafa

Le « Roi » de la terre battue vient de cumuler une fiche terrifiante de 14 victoires contre 2 défaites (et deux titres) au cours des tournois préparatoires à Roland-Garros 2021. À 18 jours de son 35e anniversaire !

Y a-t-il quelqu’un pour parier contre lui à Paris, dans deux semaines ?

Malgré l’âge et l’usure, Rafael Nadal continue d’être une force dominante. Le secret ? Une discipline de fer et le désir de toujours s’améliorer.

Et ça ne date pas d’hier. Voyez cet extrait d’entrevue d’un Nadal, à l’âge de 13 ans, après son triomphe au célèbre tournoi français des « Petits As » qu’il venait de gagner.

https://twitter.com/Tenis_Central/status/1386728595087888393?s=20

Il n’y a plus rien à ajouter.

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