Kostyuk, Sakkari and Nadal pose for selfie at the Rod Laver Arena, Melbourne, at the Australian Open

Photo : Australian Open

Les manifestations d’appui à l’Ukraine et les activités caritatives ont été nombreuses au cours de la dernière année.  

Et pour cause. 

Le 24 février prochain marquera le triste anniversaire du déclenchement d’un horrible conflit par la Russie aux dépens de son voisin, l’Ukraine. 

À un mois et demi de ce triste anniversaire, les athlètes de la WTA et de l’ATP ont participé, le 11 janvier, à une activité nommée Le tennis joue pour la paix visant à amasser des fonds destinés à UNICEF Australia et à Global Giving. 

Maria Sakkari, Rafael Nadal, Alex de Minaur, Alexander Zverev et Frances Tiafoe étaient notamment de la partie. 

D’autres personnalités se sont greffées à eux, dont deux joueurs très spéciaux. Des joueurs qui approchent le centenaire ! 

Le Choc des centurions a mis en vedette deux joueurs de 98 ans : l’Ukrainien Leonid Stanislavskyi et l’Australien Henry Young. 

Young… ça ne s’invente pas. 

Photo : The Advertiser 

Si Young est un peu moins connu sur le circuit des 90 ans et plus, Stanislavskyi fait un peu plus parler de lui. J’avais d’ailleurs souligné sa présence dans l’île de Majorque, en novembre 2021, alors qu’il avait échangé des balles avec Rafael Nadal. C’est ici, tout au bas de cette édition.

Photo : Instagram 

Début janvier, le jeune Italien Jannik Sinner avait souligné son plaisir d’avoir pu échanger avec Young, alors que les vedettes du tennis mondial étaient toutes à Melbourne pour se préparer en vue des Internationaux d’Australie, première levée annuelle du Grand Chelem. 

Si le match opposant ces deux joueurs quasi centenaires n’est pas le point culminant de l’activité, il reste un formidable exemple pour quiconque se trouve trop âgé ou dans une forme inapte à faire du sport.  

Il vient également confirmer le fameux surnom du tennis : le sport d’une vie.  

Stakhovsky et Dolgopolov : frères d’armes 

Photos montages : Firstsportz.com et LeParisien.com 

Toute leur carrière, les joueurs de tennis disputent des matchs pour gagner. Et, comme dans la plupart des sports, la terminologie militaire est souvent utilisée dans le compte-rendu des rencontres.  

Service canon. Retour fulgurant. Coup droit explosif. Guerre de tranchées. Bataille rangée. Attaque sournoise. Smash dévastateur.  

L’image est efficace. Ça dit tout. 

En 2022, ces expressions ont pris un tout autre sens pour deux tennismen ukrainiens retraités, soit Alexandr Dolgopolov, 34 ans, et Sergiy Stakhovsky, 37 ans, qui ont décidé de se joindre aux troupes ukrainiennes afin de participer à la défense de la mère patrie. 

Photos : Twitter – @TheDolgo et @Stako_tennis 

Ça fera bientôt un an que leur pays a été envahi par leur puissante voisine, la Russie, avec toutes les horreurs qu’on connaît depuis. 

Au cours de sa carrière de 15 ans à l’ATP, Dolgopolov a accumulé sept millions de dollars. Stakhovsky, lui, a engrangé des gains de cinq millions et demi en 19 ans.  

Ces joueurs se sont établis sur la scène mondiale d’un sport grandement médiatisé et ils auraient pu continuer à gagner aisément leur vie, à l’abri du besoin et, surtout… des bombes. Leur geste a donc été grandement salué. Leur voix, connue, est forcément entendue ou lue plus souvent que ne le sont celles des autres Ukrainiens partis servir sous les armes. 

Et leurs propos sont aussi crus que tristes. 

« Voir des corps ne nous fait plus rien. La force de l’habitude », mentionnait Stakhovsky dans le cadre d’une entrevue publiée par le quotidien français L’Équipe et dont les grandes lignes sont résumées ici.

Photo : Getty 

« Malheureusement, l’être humain peut s’adapter à tout. Donc nous nous adaptons aux bombardements. Nous nous adaptons à la peur. Et nous nous adaptons à la mort », a-t-il dit lorsqu’il se trouvait à Bakhmout, dans l’est de son pays, alors que son quotidien était fait de corps en décomposition jonchant les rues, de débris éparpillés près de façades détruites.  

De son côté, Dolgopolov agit comme opérateur de drones dans une unité de renseignement militaire. Son affectation lui commande de signaler la présence de danger imminent provenant de l’ennemi. « Je collecte des informations, je donne des cibles à notre artillerie », explique-t-il simplement.

Montage : Daily Mail 

Reprenant la réflexion de son compatriote Stakhovsky, il parle lui aussi d’un « engourdissement » de ses émotions. « C’était très difficile au début, mais si vous essayez de rester fort, ça passera. Si vous vous tourmentez trop longtemps, vous finirez dans une maison de fous. » 

Il semble loin, le temps où les seuls soucis de ces héros ukrainiens étaient de grimper au classement et de progresser dans les tournois. Tout comme il est loin le jour où ils se sont trouvés de part et d’autre du filet.  

C’était le 28 septembre 2017, au tournoi de Shenzhen, en Chine. Dolgopolov l’avait emporté 7-6(5) et 6-4. Comme l’indique leur face-à-face entre 2010 et 2017, Alex a triomphé quatre fois sur cinq.

Source : ATP 

Le dernier match de Stakhovsky a eu lieu il y a presque exactement un an, le 10 janvier 2022, dans le cadre des qualifications des Internationaux d’Australie. Il s’était alors incliné 6-3 et 6-3 devant le jeune Américain J. J. Wolf dans ce qui était son adieu au tennis puisqu’il avait décidé de prendre sa retraite à Melbourne. Il occupait alors le 220e rang mondial.  

Il aura eu la distinction de réaliser son plus grand exploit, tout en brisant le cœur du reste de la planète tennis, lorsqu’il a éliminé Roger Federer au deuxième tour à Wimbledon, en 2013.  

Quant à Dolgopolov, il n’a pas joué depuis mai 2018, battu sèchement à Rome par Novak Djokovic. Une blessure au poignet l’a tenu hors de la compétition entre ce match et l’annonce de sa retraite, le 1er mai 2021.  

Comme le démontre l’hommage publié sur Twitter par TennisTV, Dolgo était habile et spectaculaire. Il avait tous les coups et, surtout, il n’abandonnait jamais. 

Personne n’était donc surpris qu’il ait décidé de se joindre à la résistance ukrainienne pour affronter l’ennemi, car il ne voulait pas abandonner les siens. 

Lui et son pote Sergiy. 

La dame de fer

Photo : Photosport 

Elles ne sont pas légion, ces femmes qui évoluent encore au tennis professionnel. On n’en voit pas des tonnes chez les hommes non plus. 

En fait, il n’y en a pas.  

À 42 ans, Venus Williams a amorcé l’année 2023 en ajoutant une 816e victoire à son invraisemblable feuille de route. En battant sa compatriote de 21 ans, Katie Volynets, 7-6 (4) et 6-2 au premier tour du tournoi d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, l’Américaine venait de signer un gain sur le circuit pour une 30e année consécutive. 

Selon les dates, c’est exactement 28 ans et 10 mois qui séparaient cette victoire de sa toute première, le 31 octobre 1994, quand, à 14 ans, elle remportait son match initial à la Classique Bank of the West, alors tenue au Colisée d’Oakland. 

Oakland… Auckland.  

Ça ne s’invente pas. 

Même si la similitude d’écriture et de prononciation entre les deux villes tient un peu de la coïncidence, avouez que le parallèle est amusant. 

Cette première victoire, elle l’avait remportée face à sa compatriote Shaun Stafford, alors classée 59e à la WTA. Une victoire sans appel de 6-3 et 6-4, alors qu’une énergique adolescente prénommée Venus ne s’assoyait même pas lors des changements de côté. 

En octobre 2021, Joel Drucker en faisait un rappel bien détaillé dans cet article de Tennis.com.

Le 25 février 2002, Williams accédait au premier rang mondial. Elle a occupé ce trône pendant 11 semaines au cours de cette année-là sans y remonter par la suite. Et c’est probablement dû à la présence de sa talentueuse sœurette si elle n’a pas régné plus longtemps.  

Bien qu’elle ait été reléguée au second plan par les épiques réalisations de Serena, la liste de succès de Venus fait l’envie de centaines de joueuses depuis des décennies.

Photo : AP

Tournois(V-D) 
1) Grand Chelem 
16 finales en simple(7-9) 
14 finales en double(14-0)
3 finales en double mixte(2-1)
2) Jeux olympiques 
1 finale en simple (1-0)
3 finales en double(3-0) 
1 finale en double mixte(0-1) 
3) WTA 
83 finales en simple(49-34)
22 finales en double(22-0)

2023 sera-t-elle l’année de sa retraite, un an après sa cadette et un autre des plus grands noms de l’histoire de ce sport, Roger Federer ? Peut-être.

Photo : Getty 

Lors de son dernier match à Auckland, l’Américaine s’est blessée à la cheville et au genou et a dû faire l’impasse sur les Internationaux d’Australie pour lesquels elle avait reçu un laissez-passer. 

Ces blessures sont survenues lors de sa défaite du deuxième tour, une longue bataille de deux heures est demie perdue en trois manches face à la Chinoise Lin Zhu, 84e mondiale. 

Mais attendons. Celle qui est au-delà du 1000e rang mondial doit tout de même nous épater par sa résilience et, surtout, par sa passion du tennis. Car si nombre de ses semblables sont allés brouter dans les doux et verdoyants pâturages de la retraite, Venus, elle, continue de profiter de chaque match. 

Et, après le tournoi d’Auckland, elle revendiquait, à 42 ans, un total de… 42 millions de dollars de gains en bourses.  

Ça non plus, ça ne s’invente pas. 

La coupe et le coup, d’un seul coup

Image : Twitter / @AustralianOpen 

Il s’appelle Dale Sweeney, mais la (grande) majorité d’entre vous ne le connaît pas. 

Modeste 240e joueur mondial, Sweeney était un des 15 Australiens à participer au tableau de qualifications des Internationaux d’Australie.   

Dans les faits, Sweeney a disposé au premier tour du Tchèque Vit Kobriva (152e), 6-2 et 6-1. 

Mais surtout, Sweeney a démontré à quel point d’illustres inconnus au bataillon sont bourrés de talent et capables d’en faire la démonstration à un moment ou à un autre. Solidité dans l’échange, réflexes aiguisés et dextérité dans le maniement de la raquette, voilà bien les caractéristiques de nombre de ces joueurs du Top 200, du Top 300 et même au-delà. 

Et, en guise de bonus, une coupe de cheveux irrésistible… 

Voici le coup (et la coupe) du match. 


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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