Au milieu de la vingtaine, la plupart des gens ont suffisamment muri pour comprendre l’intensité émotionnelle de la vie d’adolescentes comme Leylah Fernandez, 19 ans, et Emma Raducanu, 18 ans — sans parler de la pression qu’elles peuvent ressentir lorsque tous les projecteurs du monde du sport sont braqués sur leur participation à une épreuve comme la finale des Internationaux des États-Unis.
À un âge où tant de choses sont des premières et prennent une importance démesurée sans la perspective du temps et d’autres expériences de la vie, il est facile de comprendre à quel point leur match de championnat aura été intense.
Il est fort probable que ni Fernandez ni Raducanu n’avaient envisagé la possibilité de perdre samedi dans le stade Arthur Ashe.
Toutes les deux ont eu des parcours magiques jusqu’en finale. Raducanu est passée de l’obscurité des qualifications à l’apogée d’une finale d’un Grand Chelem, alors que Fernandez éliminait quatre joueuses de l’élite de la WTA, y compris trois du Top 5 — Aryna Sabalenka, Naomi Osaka et Elina Svitolina — ainsi que la triple championne de Grands Chelems Angelique Kerber.
Lorsque Raducanu a réussi un ace pour conclure le duel et remporter la finale des Internationaux des États-Unis par 6-4 et 6-3, Fernandez, qui est une combattante infatigable reconnue pour encaisser les défaites très durement, était dévastée. En un instant, toute la gloire et la lutte d’une extraordinaire quinzaine s’étaient brusquement arrêtées.
« Je suis encore déçue », a-t-elle admis dans la salle d’entrevue peu après le match. « Je crois que je vais porter cette défaite en moi pendant très longtemps. Cela va me motiver à mieux faire à l’entraînement, mieux pour la prochaine occasion qui se présentera. »
Personne n’a demandé à Fernandez comment elle se sentait au début du match, même si des signes indiquaient qu’elle vivait une tension associée à une occasion de cette envergure. Au deuxième jeu, après avoir commis en Moyenne trois doubles fautes par match au cours de six tours précédents, elle a commis deux doubles fautes et Raducanu a ravi son service pour prendre les devants 2-0, une avance qu’elle a conservée jusqu’à la fin du duel, sauf pendant un bref moment au début du deuxième acte.
Pour Raducanu, son parcours sans faute lors de ses trois matchs de qualification et ses six au tableau principal (18 manches gagnées) s’est poursuivi en finale.
« Ce matin, je ressentais beaucoup de choses bizarres », a-t-elle mentionné après son triomphe. « C’était comme si je ne savais pas vraiment ce que c’était — juste comme si quelque chose était un peu étrange. Mais ensuite, j’ai simplement accepté que c’était naturel avant de disputer la finale d’un Grand Chelem. J’essayais juste de ne pas y penser. Quand je suis arrivée dans le stade Ashe, je me suis presque sentie à la maison, car j’avais déjà joué trois matchs ici. Dès le premier point, je me suis dit que c’était un match comme les autres et je n’ai pas senti de pression supplémentaire au cours du match. »
Les trois premiers jeux ont été hautement compétitifs et ont duré 22 minutes, Raducanu menant 2-1, à service égal. La première manche s’est décidée au dixième jeu lorsque Fernandez servait à 4-5. Raducanu a concrétisé sa quatrième balle de bris/manche grâce à coup droit le long de la ligne.
Les deux jeunes joueuses ont montré leur capacité à frapper fort, souvent en prenant leur adversaire à contre-pied.
Le principal regret de Fernandez dans la première manche doit être son efficacité au service — elle n’a mis en jeu que 50 pour cent de ses premières balles et n’a gagné que 43 pour cent de ses deuxièmes balles.
Au début du deuxième acte, Fernandez a réussi à combler un déficit de 0-40 sur son service pour faire 1-1. Elle a ensuite brisé Raducanu pour prendre les devants 2-1, la seule fois où elle a mené dans le match, mais a immédiatement concédé son service. Lorsque Raducanu a signé un autre bris pour se forger une avance de 5-2, les chances de Fernandez étaient bien minces. Elle est parvenue à repousser deux balles de match alors qu’elle servait à 2-5, mais Raducanu a scellé l’issue de la rencontre au jeu suivant avec son deuxième ace après une bataille d’une heure et 51 minutes.
Il y a eu un peu de controverse lors du dernier jeu lorsque Raducanu a glissé et s’est écorché la jambe gauche. Elle a demandé un arrêt médical pour bander sa plaie. Le pointage était de 30-40, Fernandez ayant une balle de bris.
« Honnêtement, je ne savais pas ce qui se passait avec Emma », a expliqué Fernandez. « Je ne savais pas à quel point sa chute était grave, c’est pourquoi je suis allée voir l’officielle de la WTA. C’est arrivé dans le feu de l’action. C’est dommage que cela se soit produit à ce moment précis, alors que j’étais sur une lancée. Mais c’est ça le sport, c’est ça le tennis. »
Même si elle craignait de perdre son rythme après cette interruption de cinq minutes, Raducanu a effacé la balle de bris lorsque Fernandez a raté un coup droit.
L’essentiel de ce match est que dans une confrontation entre deux joueuses ayant un style de jeu semblable « Nous avons toutes les deux joué un tennis téméraire pendant les deux ou trois semaines », a mentionné Raducanu, qui frappe plus fort et avec plus de précision et de régularité que Fernandez. La fatigue d’avoir passé 12 heures et 45 minutes sur le terrain comparativement à sept heures et 42 minutes pour Raducanu a finalement eu raison de la Canadienne.
Et tout avantage qu’elle aurait pu espérer avoir en tant que gauchère a probablement été annulé par le fait que Raducanu s’entraîne beaucoup avec son entraîneur Andrew Richardson, un gaucher lui aussi.
« Je n’ai que 18 ans », a résumé la Britannique. « Je ne fais que frapper librement sur tout ce qui se présente à moi. C’est comme ça que j’ai abordé chaque match ici (sept semaines), aux États-Unis. »
Lors de la remise des trophées, Fernandez, née un an avant les événements du 11 septembre, a conquis les cœurs du public new-yorkais à l’occasion du 20e anniversaire de cette atrocité lorsqu’elle a demandé le micro pour ajouter un commentaire. « J’espère pouvoir être aussi forte et aussi résiliente que New York l’a été ces 20 dernières années. Je t’aime, New York. »
« J’ai regardé la date », a-t-elle expliqué plus tard. « Je me suis souvenue d’avoir regardé des films sur ce qui s’est passé, puis d’avoir demandé à mes parents de m’expliquer ce qui s’était passé et j’ai vraiment été sous le choc.
« Je ne sais évidemment pas tout ce qui s’est réellement passé, mais je sais que New York a beaucoup souffert. Je voulais leur faire savoir qu’ils sont si forts, si résilients. Ils sont tout simplement incroyables. »
Grâce à sa participation à la finale, Fernandez passera du 73e au 28e rang du classement de la WTA. Dans la course pour les championnats de fin de saison, elle se hissera du 62e échelon au Top 20, très près de se qualifier pour les Finales.
Malgré tout le battage médiatique d’avant-match autour du fait que deux adolescentes allaient se battre pour le titre, Fernandez et Raducanu ont toutes les deux affirmé que ce n’était pas ce sur quoi elles se concentraient pendant leur préparation. « Cela ne m’a jamais effleuré l’esprit », a déclaré Fernandez. « J’étais simplement très excitée de participer à la finale. Malheureusement, je n’ai pas bien joué et Emma a excellé. C’est donc ce qui s’est passé. »
C’est ce qui s’est passé et Fernandez en souffrira pendant un certain temps. Mais elle est une compétitrice trop féroce, engagée et intelligente pour ne pas comprendre qu’une seule joueuse pouvait gagner et que la prochaine fois, ce pourrait être elle.
PHOTO D’ARCHIVES
Voici le visage heureux d’une championne des Internationaux des États-Unis il y a deux ans.
Photo de l’article : camerawork usa