Ce n’était pas un solo, mais une grande partie du mérite revient assurément à Félix Auger-Aliassime pour avoir permis au Canada d’atteindre la finale de la Coupe Davis par Rakuten.
Il a joué un rôle clé dans les victoires du Canada lors du tournoi à la ronde de septembre, à Valence — avec ses gains en simple contre Carlos Alcaraz et Miomir Kecmanovic, ainsi que ceux en double avec Vasek Pospisil.
Cette semaine, à Malaga, il a remporté ses deux duels de simple contre l’Allemand Oscar Otte jeudi, puis samedi contre l’Italien Lorenzo Musetti. Il a ensuite procuré une victoire de 2-1 au Canada en alliant ses efforts à ceux de Pospisil pour vaincre les Italiens Matteo Berrettini et Fabio Fognini 7-6(2) et 7-5 — et ce, après avoir remplacé à la dernière minute Denis Shapovalov, qui avait passé trois heures et 14 minutes sur le terrain dans une défaite de 7-6(4), 6-7(6) et 6-4 aux mains de Lorenzo Sonego.
En 2022, Auger-Aliassime, qui occupe le 6e rang mondial à 22 ans, a gagné en maturité et en confiance.
Lors de ses victoires en simple contre Otte et Musetti, il a concouru avec l’assurance d’un joueur beaucoup plus aguerri. Il a maintenant disputé 28 matchs (22-6) depuis les Internationaux des États-Unis et doit commencer à ressentir une certaine fatigue de fin de saison. Mais rien n’y paraît.
Contre Musetti, il a superbement servi, remportant 91 pour cent de ses premières balles, sans faire face à une seule balle de bris. En double, il a réalisé un retour spectaculaire pour briser Berrettini et créer l’égalité au sixième jeu de la manche initiale. Il y a également eu de nombreux exemples de son brio en fond de terrain et au filet, mais le plus remarquable est peut-être ce qui s’est passé lorsqu’il a servi pour le match lors du dernier jeu du double. À 15-40, face à deux balles de bris qui auraient permis aux Italiens de forcer la tenue d’un jeu décisif, il a produit deux aces consécutifs pour refermer la porte. Deux points plus tard, un retour large de Berrettini (voir la photo du haut) permettait au Canada d’atteindre sa deuxième finale de la Coupe Davis en quatre ans.
Auger-Aliassime n’a eu besoin que d’une heure et 24 minutes pour se défaire de Musetti (23e) et a déclaré plus tard : « Heureusement, mon simple s’est bien déroulé : je n’ai pas été brisé, un match sans histoire, comme on les aime. Cela s’est bien passé et je me sentais bien en double. C’est toujours plaisant de jouer avec Vasek et l’équipe sur le banc était formidable. Je pense qu’en Coupe Davis, il n’y a pas de place pour la fatigue. Regardez l’effort que Denis a fourni aujourd’hui ; il a joué pendant trois heures sans montrer aucun signe de fatigue et sans abandonner. C’est le genre de détermination que l’on veut. Je pense que toute l’équipe se concentre sur le principal objectif. »
Shapovalov n’a pas été aussi constant qu’il l’aurait souhaité, mais il s’est bien battu. Après avoir perdu le jeu décisif de la première manche, il a comblé un déficit de 2-5 au jeu décisif de la deuxième manche pour prolonger le match. Il a eu besoin d’une pause médicale au troisième set pour se faire masser le bas du dos, mais il a semblé jouer sans trop d’inconfort. Il a eu trois balles de bris à 3-3, mais Sonego n’a pas bronché. À la fin, Shapovalov a été épouvantable lorsqu’il a servi à 4-5, commettant trois doubles fautes sur les quatre derniers points, y compris sur la première balle de match de Sonego.
Il regrettera assurément de n’avoir concrétisé qu’une seule de ses 13 occasions de bris, et a commenté un peu plus tard : « C’est une défaite difficile pour moi et pour l’équipe. J’ai tout donné, mais Sonego était tout simplement trop fort aujourd’hui. J’ai eu de nombreuses occasions, mais il a trop bien joué. Il a sorti de gros coups droits et de gros services dans les moments importants. C’est tout à son honneur. Il a gagné des titres, il a battu de très bons joueurs, il a montré pourquoi. »
Avant le match décisif de double, les deux équipes ont modifié leur duo précédemment annoncé. Le capitaine italien, Filippo Volandri, a expliqué pourquoi Berrettini a remplacé Simone Bolelli, qui avait fait équipe avec Fognini dans une impressionnante victoire contre les Américains Jack Sock et Tommy Paul, jeudi.
« Simone était blessé. Hier, nous avons donc demandé à Matteo d’essayer d’être prêt pour aujourd’hui au cas où nous devrions jouer le double. Il s’est donc entraîné deux fois hier et une fois ce matin et il était prêt. » Berrettini est ennuyé par une blessure au pied et n’avait pas joué depuis le tournoi de Naples, à la mi-octobre.
Quant au changement dans le duo canadien, Dancevic a dit : « Vasek joue très bien avec Denis et Félix, alors ce n’est pas vraiment une surprise que l’un ou l’autre joue avec lui. Denis a disputé un très long match aujourd’hui. Félix était plus en forme et se sentait bien sur le terrain. C’est ce à quoi nous avons pensé avant de prendre notre décision. Denis a vraiment tout donné. C’était difficile de lui demander de revenir pour le double alors que Félix était frais et dispo. Nous avons ce choix dans notre équipe, ce qui est formidable. »
Pospisil, un irréductible compétiteur de la Coupe Davis qui participe à sa 27e rencontre depuis 2008, a maintenant une fiche de 14-10 en double. Bien qu’il n’ait pas trouvé son rythme de croisière aussi rapidement qu’Auger-Aliassime et qu’il ait perdu son service à deux reprises, il a été excellent, élevant son niveau de jeu au fur et à mesure que le match progressait.
« Même si nous avons tiré de l’arrière tôt dans le match, nous ne pouvions pas être négatifs, surtout pas dans un match décisif de la Coupe Davis, a commenté Pospisil. Nous avons repris le bris rapidement dans les deux manches. Je pense que nous avons joué à un très haut niveau. Nous étions bien synchronisés. »
« Nous avons fait face à des situations comme celle-ci à Valence et je pense que c’est une question d’attitude, a ajouté Auger-Aliassime. Nous avons perdu notre service. Nous aurions pu être frustrés par la façon dont nous avons raté des coups. Mais nous avons adopté la bonne attitude et nous nous sommes ressaisis à temps. C’est ce qui nous a permis de nous en sortir dans les deux manches. »
Dimanche, en finale, le Canada croisera le fer avec l’Australie, un pays qui détient le deuxième plus grand nombre de titres de la Coupe Davis (28) derrière les États-Unis (32). La dernière rencontre entre le Canada et l’Australie remonte à 1964 au Club de tennis Mont-Royal, à Montréal. Roy Emerson et John Newcombe, champions de multiples titres de tournois du Grand Chelem, défendaient les couleurs des visiteurs.
À Malaga, le capitaine australien Lleyton Hewitt dirige une équipe composée d’Alex de Minaur (24e), de Jordan Thompson (84e) et de Thanasi Kokkinakis (95e).
Auger-Aliassine devrait se mesurer à de Minaur et a remporté leur seul duel précédent — à Cincinnati, en août.
Shapovalov, qui a indiqué lors de sa conférence d’après match qu’il serait en forme et capable de jouer, n’a jamais affronté Kokkinakis ou Thompson.
Les Australiens n’ont disputé qu’un seul double décisif cette semaine — contre la Croatie, vendredi. Hewitt avait envoyé au front Max Purcell (33e) et Thompson (466e), mais il pourrait tout aussi bien choisir Kokkinakis (15e) et Matt Ebden (26e).
Le Canada a maintenant une deuxième chance, depuis qu’il s’est joint à la compétition de la Coupe Davis en 1913, de soulever le prestigieux saladier d’argent.
Une fois de plus, les espoirs canadiens reposeront en grande partie sur les épaules d’Auger-Aliassime. « C’est un parcours spécial, une année spéciale, et je suis vraiment fier des efforts de tout le monde, a confié Auger-Aliassime. J’ai senti qu’il y avait une énergie spéciale au sein de l’équipe après le tournoi à la ronde à Valence. Je pense que c’est l’équipe la plus complète de l’histoire du tennis canadien et que nous méritons ce qui nous arrive. Je l’ai dit à maintes reprises au fil des ans, c’est l’un des objectifs de tous les gars, je pense, d’aller loin et de tout gagner. Demain, nous allons tout donner pour réussir. »
REMARQUE : l’affrontement entre le Canada et l’Australie sera diffusé dimanche, à compter de 7 h (HE) sur les ondes de TVA Sports 2 et de Sportsnet.
Photo de l’article : Martin Sidorjak