Photo: Martin Sidorjak

Quand tu affrontes un joueur qui a remporté la couronne du double à Wimbledon (Vasek Pospisil en 2014) et un autre qui fait partie du Top 10 du simple (Félix Auger-Aliassime), et que toi et ton partenaire êtes âgés d’environ 30 ans et occupiez autour du 22e rang du double, il est normal d’être un peu intimidés.

C’est peut-être la raison pour laquelle les Sud-Coréens Song Min-Kyu et Nam Ji-Sung n’ont pas réussi à conserver leur avance à la troisième manche du double décisif, s’inclinant 7-5, 5-7 et 6-3 face à Auger-Aliassime et à Pospisil, dans la victoire de 2-1 du Canada lors de la première journée de compétition du groupe B des Finales de la Coupe Davis, à Valence, en Espagne.

Les Sud-Coréens contrôlaient les échanges et semblaient plus cohérents au début du cinquième jeu du troisième acte contre un tandem canadien fatigué et découragé — Pospisil après une victoire épuisante de 4-6, 6-1 et 7-6(5) contre Hong Seong-Chan lors du premier simple, et Auger-Aliassime après une décevante défaite de 7-6(5) et 6-3 aux mains de Kwon Soonwoo lors du deuxième simple. Par la suite, on a appris que Pospisil avait servi un laïus d’encouragement à Auger-Aliassime lorsqu’ils tiraient de l’arrière 3-1 qui a revigoré le duo à tel point qu’ils ont ensuite gagné cinq jeux d’affilée pour remporter le match et la rencontre.

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Interrogé sur le fait que lui et Pospisil étaient manifestement des joueurs supérieurs et sur la possibilité que cela ait impressionné leurs rivaux, Auger-Aliassime a répondu : « C’était l’idée. Nous avons eu un mauvais premier jeu (de la troisième manche). J’ai l’impression qu’à partir du milieu de la première manche et dans la deuxième, nous étions la meilleure équipe sur le terrain. Avec les résultats passés de Vasek et les miens, nous étions la meilleure équipe sur papier. Sachant cela, nous n’avons jamais perdu confiance même si nous tirions de l’arrière. Nous savions que si nous redoublions d’énergie et jouions notre meilleur tennis, nous pourrions gagner le match. »

Le capitaine sud-coréen Park Seung-Kyu a résumé ainsi en parlant de ses joueurs : « C’était un match difficile et je suis très, très fier de mes gars. Ils ont tout donné jusqu’à la fin. » 

Il y a néanmoins eu quelques signes inquiétants pour les Canadiens. Tout comme en simple, Pospisil a perdu son service dès le premier jeu du double, et tout comme en simple, Auger-Aliassime et lui ont eu de la difficulté à renverser la vapeur. Song et Nam, qui n’avaient perdu que deux points à leurs quatre premiers jeux au service de la manche initiale, en ont soudainement concédé huit à leurs deux derniers jeux pour perdre la manche.

En simple, Auger-Aliassime a commis une double faute qui lui a coûté le jeu décisif de la première manche, puis a fait de même à 5-5 au deuxième acte du double, ce qui les a conduits vers une troisième manche.

Les deux matchs de simple étaient plutôt étranges, car ils semblaient parfois aller dans la direction opposée au résultat final.

Auger-Aliassime a gagné les 12 premiers points de son duel avec Kwon, mais le Sud-Coréen (74e) a ensuite joué ce que le capitaine canadien Frank Dancevic a qualifié de « tennis vraiment incroyable » pour vaincre Auger-Aliassime.

Quant à Pospisil, il était mené 4-1 à la manche décisive avant qu’il n’amorce une superbe remontée pour créer l’égalité à 4-4. Puis, à 5-5, il a profité d’un mauvais jeu de Hong pour prendre les devants 6-5. Il lui a toutefois rendu la pareille au jeu suivant en ratant deux coups droits, puis en commettant deux doubles fautes pour prolonger le duel vers un jeu décisif.

Une bataille remplie de revirements, de superbes points, de tennis de haute et de basse qualité, s’est finalement jouée à 5-5 du jeu décisif. Personne n’aurait alors pu imaginer que la longue et sinueuse saga de deux heures et 35 minutes allait se conclure trois coups plus tard. Un ace au T de Pospisil pour faire 6-5, un deuxième service de Hong et, le coup de grâce, un magnifique retour gagnant du coup droit de Pospisil.

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« À 1-4, c’était assez intéressant, a ensuite confié Pospisil à propos de la troisième manche. Je servais et au début de ce jeu, pour une raison quelconque, j’étais presque amusé. Je me suis dit “OK, je vais essayer de rebondir et je vais gagner ce match”. Et j’essayais d’être très positif. Quelques points plus tard, j’ai fait face à une balle de bris (pour tirer de l’arrière 1-5). Mais je pense que mon état d’esprit m’a aidé à revenir dans le jeu. C’est peut-être un cliché, mais j’essayais simplement de jouer un point à la fois. »

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Quant à Auger-Aliassime, c’est ainsi qu’il a analysé sa performance contre Kwon : « J’étais quand même content de mon niveau en général. J’ai commencé le match en gagnant les 12 premiers points. C’est difficile de faire mieux. Mais par la suite, à un certain moment, avec les conditions et les balles ici, les choses se sont compliquées. Il n’y avait pas beaucoup d’échanges. J’ai eu de la difficulté à produire des services gagnants. Puis à 2-4, mon adversaire a commencé à beaucoup mieux jouer. J’ai eu une chance de prendre les devants 4-0 et c’était serré au jeu décisif. Nous avons tous les deux disputé une bonne première manche, puis il a simplement trop bien joué pour trois ou quatre jeux dans la deuxième. On verra pour la rencontre de vendredi (contre l’Espagne). Mais c’est sûr que je serai prêt à tout donner. »

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À l’instar d’Auger-Aliassime, Pospisil a trouvé que les conditions, et notamment la lenteur du court, posaient un défi. « C’est difficile, car il faut rester agressif sans précipiter les choses. Ce n’est pas un ajustement facile à faire. À un moment donné, il faut vraiment solliciter tout le corps, car la balle n’ira nulle part si tu n’utilises que ton bras. Ce sont de petits ajustements, mais en fin de compte, c’est le terrain qui dicte un peu le jeu. Les points sont simplement plus longs. Pour un gars comme moi qui aime jouer des points rapides, c’est plus difficile. »

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Concernant un problème de dos et d’épaule qui a nécessité un arrêt médical et une intervention du physiothérapeute à 4-5 de la première manche du double, puis une autre fois vers la fin du deuxième acte, Pospisil a dit « Juste quelques tensions, des douleurs au dos et à l’épaule après un long match de simple. Bizarrement, mon premier service était assez bon, mais je n’avais pas une bonne sensation sur ma deuxième balle. (C’est) juste un peu de fatigue et quelques problèmes passagers à l’arrière de l’épaule — dans 24, 36 heures, tout sera à 100 pour cent. »

Vendredi, à 16 h (10 h, heure de l’Est), le Canada disputera sa deuxième rencontre du tournoi à la ronde contre l’Espagne. Le récent champion des Internationaux des États-Unis, Carlos Alcaraz, affrontera-t-il le Canada ? « Je ne sais pas, a commenté Auger-Aliassime. Je ne sais pas comment il se sent physiquement. Il a eu un long parcours à New York. Ils ont beaucoup de profondeur dans l’équipe. Je pense qu’il va essayer de jouer vendredi (Canada) et dimanche (Corée du Sud). Il est près de chez lui aussi, j’ai donc l’impression qu’il veut essayer de faire l’effort et de jouer. »

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Auger-Aliassime pourrait donc se mesurer à Alcaraz, vendredi. Quand on lui a demandé ce qu’il pensait d’affronter le jeune prodige espagnol en ayant le soutien de ses coéquipiers canadiens, il a répondu : « J’ai toujours aimé jouer dans des situations comme celle-ci avec toute l’équipe. Nous formons une équipe tissée serrée. Tout le monde voit la situation dans son ensemble, que ce ne sont pas des victoires individuelles. Il s’agit de gagner chaque match, d’essayer de gagner deux points, peu importe qui les gagne. Avoir le soutien de cette équipe est ce qui fera la différence contre l’Espagne. »

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