felix wimbledon

Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime ont participé à plusieurs des mêmes tournois ces dernières années — et se sont d’abord fait connaître en remportant respectivement les titres juniors de Wimbledon et des Internationaux des États-Unis en 2016.

Après leurs victoires au quatrième tour, lundi, ils sont devenus les premiers Canadiens à atteindre ensemble les quarts de finale de Wimbledon, mais aussi les premiers à le faire dans un tournoi du Grand Chelem.

C’est Shapovalov qui a atteint les quarts de finale en premier grâce à une victoire de 6-1, 6-3 et 7-5 aux dépens de Roberto Bautista Agut (8e). Auger-Aliassime s’est joint à son compatriote après un gain beaucoup plus intense de 6-4, 7-6(6), 3-6, 3-6 et 6-4 face à Alexander Zverev (4e).

Il y a eu des moments pendant l’affrontement entre Auger-Alassime et Zverev où la possibilité de voir deux Canadiens parmi les huit derniers survivants semblait incertaine. 

Après qu’Auger-Aliassime ait remporté les deux premières manches, Zverev a trouvé ses repères et a commencé à imposer son jeu — puissants services et superbes coups de fond — et cela s’est surtout passé après qu’il ait fait une mauvaise chute dans le quatrième jeu de la troisième manche et qu’il ait semblé s’être sérieusement blessé au genou droit.

Il a brisé Auger-Aliassime deux jeux plus tard et le momentum venait de changer de côté alors qu’il s’emparait de la troisième et de la quatrième manche.

Auger-Aliassime est parvenu à ravir le service de l’Allemand au premier jeu du cinquième acte pour freiner la marée et s’affirmer à nouveau. Zverev a répliqué pour niveler la marque à 2-2, mais le match s’est finalement décidé sur le service du sixième mondial à 3-3.

L’Allemand a éprouvé des difficultés tout au long du match à cause de ses doubles fautes et lorsqu’il a commis sa vingtième pour tirer de l’arrière 15-30, Auger-Aliassime a frappé un retour profond qui a menotté son rival. Il a ensuite forcé Zverev à effectuer une volée difficile du coup droit, qu’il a ratée, pour obtenir le bris crucial.

Le Canadien a gagné ses deux jeux suivants au service et a scellé la victoire en réalisant un smash gagnant sur sa deuxième balle de match.

Photo : Martin Sidorjak

Auger-Aliassime était très ému lors de son entrevue d’après-match sur le terrain. « Quand tu es jeune, tu rêves de moments comme celui-ci », a-t-il dit à la foule. « Je suis un gars ordinaire de Montréal, au Canada, et je suis là, sur le Court 1 plein à craquer, à Wimbledon. C’est assurément la plus belle victoire de ma vie. C’était extraspécial devant vous. Avec le toit fermé (durant le deuxième jeu de la dernière manche), le son était dingue — je n’avais jamais vécu ça auparavant. Alors merci d’avoir vécu ce moment avec moi. »

Les applaudissements nourris de la foule ont moyé ses derniers mots.

Il ne fait aucun doute que l’éléphant dans la pièce lundi — ou plus exactement dans toute l’enceinte — était le problème des doubles fautes de Zverev. Le point le plus bas a été ses trois doubles fautes dans le premier jeu de la cinquième manche. Auger-Aliassime a également été capable de maximiser ses chances en frappant systématiquement un ou deux boulets de canon dans chacun des cinq jeux où il a brisé son service.

Leur ratio aces/doubles fautes respectif en dit long — celui d’Auger-Aliassime était de 17/6, tandis que Zverev était à 9/20. Auger-Aliassime avait perdu ses trois affrontements précédents contre Zverev et n’était parvenu qu’une seule fois à gagner quatre jeux dans une manche. « Je n’avais jamais vaincu Alex avant aujourd’hui, je n’avais même jamais gagné une manche », a-t-il mentionné à propos de Zverev sur le court après le match. « Il a commencé à mieux jouer, à mieux servir et la situation est devenue vraiment difficile quand il a repris son bris dans la cinquième manche. J’ai vraiment dû puiser dans mes réserves. Mais, encore une fois, vous m’avez aidé à le faire parce que seul, ça aurait été beaucoup plus difficile. »

Zverev, finaliste des Internationaux des États-Unis de 2020, a évalué sa performance en toute franchise : «  Je suis à une étape où je veux gagner des tournois du Grand Chelem. Je devais donc jouer beaucoup, beaucoup mieux pour y parvenir ici. J’ai perdu au quatrième tour, ce qui, à mon avis, est très tôt. Mais au bout du compte, je devais mieux jouer. »

Photo : Martin Sidorjak

Mercredi, en quart de finale, Auger-Aliassime sera opposé à Matteo Berrettini, 7e tête de série. Il existe un lien entre les deux joueurs. Ils étaient partenaires d’entraînement pendant la quarantaine de deux semaines qui a précédé les Internationaux d’Australie. Ils ont un lien supplémentaire grâce à leurs amoureuses. Ajla Tomljanovic (Berrettini) et Nina Ghaibi (Auger-Aliassime) sont cousines.  Les deux femmes ont des origines croates et Ghaibi et Berrettini étaient dans les sièges d’amis du Court 1 pour regarder Tomljanovic, qui représente l’Australie, vaincre la jeune Britannique Emma Raducanu, lundi.

Auger-Aliassime et Berrettini ne se sont affrontés qu’une seule fois. L’Italien a eu raison du Canadien 6-4 et 7-6(11) en finale du tournoi sur gazon de Stuttgart en juin 2019.

« C’est vraiment un gars formidable, une très bonne personne », commentait Auger-Aliassime à propos de Berrettini. « Nous nous entendons très bien. Comme nous sommes dans la bulle, nous dînons parfois ensemble. On regarde les matchs ensemble. »

Au sujet de ce qui se passera avant mercredi entre lui et son prochain adversaire, Auger-Aliassime a répondu : « Je pense pouvoir parler pour beaucoup de joueurs du circuit, nous sommes capables de faire la différence entre ce qui se passe sur le court et en dehors. Matteo est avant tout un bon ami. Bien sûr, quand c’est le jour du match, tu dois te concentrer sur la tâche à accomplir. »

Photo : Martin Sidorjak

À cause de tous les rebondissements dans le duel entre Auger-Aliassime et Zverev, la victoire efficace et décisive de Shapovalov contre Bautista Agut est passée sous silence. Mais le Canadien de 22 ans a été brillant dès le début, brisant l’Espagnol de 33 ans dès le premier jeu. Il n’a jamais semblé ennuyé, même quand les deux joueurs se sont échangés deux fois des bris — les seules fois où Shapovalov a perdu son service — au début de la troisième manche. Mais fidèle à ses habitudes, à 5-5, sur sa deuxième balle de bris, Shapovalov a produit son 50e coup gagnant de la rencontre — un magnifique revers en croisé. Cela a en quelque sorte mis fin au match.  

Il a terminé avec 52 coups gagnants et 41 fautes directes. De plus, il a remporté 107 points, comparativement à 76 pour son rival.

« J’étais un peu nerveux à la troisième manche », a admis Shapovalov. « Je pense que c’est tout à fait normal. J’ai bien géré cela. À part cela, j’ai joué de manière vraiment, vraiment impeccable. »

« J’ai l’impression que tout fonctionne pour moi. Évidemment, cela ne garantit pas que ça va continuer comme ça. Mais je suis très, très content de la façon dont j’ai joué mes deux derniers matchs. »

Photo : Martin Sidorjak

Lors d’une entrevue de TSN, l’ancienne joueuse Daniela Hantuchová lui a demandé ce qui avait changé depuis son premier quart de finale aux Internationaux des États-Unis de l’an dernier. « Je pense que mentalement, je suis beaucoup plus calme que je ne l’étais à l’époque. Je criais et hurlais après chaque point. Ici, je suis plus détendu et je me sens plus en forme physiquement. »

« J’ai travaillé avec un psychologue et il m’a énormément aidé. »

En quart de finale, Shapovalov croisera le fer avec la 25e tête de série, Karen Khachanov.  

À leur seul affrontement précédent, Shapovalov a battu le Russe 6-4, 4-6 et 6-4 lors de la demi-finale des Finales de la Coupe Davis en novembre 2019, à Madrid.

Lundi, Khachanov a survécu à une étrange cinquième manche qui a comporté 13 bris de service en 18 jeux pour venir à bout de Sebastian Korda en des comptes de 3-6, 6-4, 6-3, 5-7 et 10-8 au bout de trois heures et 49 minutes.

« Il est très agressif et il aime dicter le jeu avec son coup droit », a mentionné Shapovalov. « Il possède un service très puissant. Il aime contrôler les échanges. Son style est semblable au mien. Nous sommes deux joueurs qui aiment frapper fort. Je crois qu’il va y avoir beaucoup de coups exceptionnels et que ce sera du jeu très agressif. »

Alors qu’une demi-finale à Wimbledon se profile à l’horizon — mais pas l’un contre l’autre —, Auger-Aliassime a probablement parlé en son nom et au nom de Shapovalov lorsqu’il a dit : « Tu te bats pour toi, pour gagner, pour ton équipe. Tu te bats aussi pour tous ceux qui t’encouragent à la maison. J’ai reçu des tonnes de messages d’encouragements. Cela me touche beaucoup. C’est formidable de pouvoir leur rendre la pareille. C’est un travail d’équipe. Mon pays m’appuie. Ma ville m’appuie. C’est vraiment bien d’avoir autant de soutien. »

« C’est encore une fois un grand jour pour nous, les Canadiens, et j’espère que ça va continuer. »

PHOTO D’ARCHIVES

Voici un couple de spectateurs se faisant prendre en photo avec le grand Fred Perry, champion de Wimbledon en 1934, 1935 et 1936.

Photo de l’article : Martin Sidorjak

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