NEW YORK – AUGUST 29: during their men’s Singles second round match on day four of the 2019 US Open at the USTA Billie Jean King National Tennis Center on August 29
Daniil Medvedev était à l’avant-scène lors de la finale des Internationaux des États-Unis lorsqu’il a poussé l’éventuel champion Rafael Nadal à la limite de cinq manches avant de s’incliner 7-5, 6-3, 5-7, 4-6 et 6-4.
Deux ans plus tôt, à Flushing Meadows, il n’était pas mieux qu’un deuxième violon, perdant 7-5, 6-1 et 6-2 dès le premier tour aux mains de Denis Shapovalov.
Ce match n’était pas vraiment serré, Medvedev ressemblant à une âme perdue, impuissant face à la puissance de Shapovalov. Le Canadien, qui à 18 ans occupait alors le 69e rang mondial, avait remporté 104 points comparativement à 66 pour le Russe de 21 ans. Issu des qualifications, Shapovalov venait de connaître une percée à la Coupe Rogers de Montréal en s’imposant face à Juan Martin del Potro et Rafael Nadal en route vers la demi-finale. Mais peu importe la façon de voir les choses, le longiligne Russe faisait pitié à voir contre Shapovalov.
Il y a deux semaines, à New York, Medvedev a terminé une tournée de quatre tournois nord-américains qui comprenait des finales à Washington (Kyrgios), Montréal (Nadal) et aux Internationaux des États-Unis (Nadal) ainsi que le titre du Masters 1000 de Cincinnati (Goffin). Au cours de cette période, il a récolté 3 100 points ATP et son classement est passé du 10e au 4e échelon (après avoir fini la saison 2017 au 65e rang et 2018 au 16e). C’est juste une place derrière la troïka dirigeante incontestée du tennis masculin — (1) Novak Djokovic, (2) Nadal et (3) Roger Federer.
Medvedev a produit du jeu magnifique, mais c’était loin d’être le cas à New York en 2017 contre Shapovalov. Voici comment il avait été décrit dans ce carnet : « Lundi, aux Internationaux des États-Unis, Daniil Medvedev est entré sur le Court 7 en hésitant — apparemment sans savoir s’il avait emprunté le bon chemin. Denis Shapovalov est arrivé peu après le Russe et semblait à l’aise dans cette enceinte de 1494 places, saluant les applaudissements avec un signe de la main détendu.
« Son duel contre Medvedev, 54e mondial, a été compétitif durant une manche, puis il a simplement été une coche au-dessus, s’envolant avec un gain de 7-5, 6-1 et 6-2 en une heure et 36 minutes. »
Ce jour-là, pour résumer l’allure du Russe, nous avions écrit : « Medvedev ressemblait à un homme inquiet dès le début du match. Il a eu ses moments, mais il y avait toujours une tension en lui – comme s’il savait qu’il ne faisait pas le poids contre un joueur de trois ans son cadet et il n’était pas à l’aise. Le point le plus bas pour ce haricot de 6 pieds 6 est survenu au troisième acte alors qu’il concédait son service à 2-3 en commettant trois doubles fautes consécutives en plus d’une faute directe du coup droit. »
« Il y a environ deux ans et demi », confiait récemment Medvedev à propos de ses remarquables progrès, « Je me suis dit “Bon, maintenant je dois vraiment consacrer ma vie au tennis”. Même si cela semble plate, cela a fonctionné pour moi, comme vous pouvez le constater. Cela a été le plus important changement de ma carrière. »
« Chaque grand match disputé me faisait acquérir de l’expérience – contre Roger, Rafa ou Novak. J’emportais ça avec moi et à un moment, j’ai compris ce que je devais faire pour gagner plus de matchs. »
À l’époque du premier tour des Internationaux des États-Unis de 2017 entre Medvedev et Shapovalov, le sixième mondial Alexander Zverev était considéré par plusieurs comme le candidat le plus sérieux pour défier la domination de Djokovic-Nadal-Federer. Toutefois, l’Allemand de 22 ans occupe encore le sixième rang, a perdu un peu de son lustre et possède une fiche de 10 victoires et 7 défaites depuis le mois de juin. On ne sait jamais exactement ce qui est responsable d’une baisse de régime, mais Zverev a vécu une difficile séparation avec son agent, une rupture avec sa copine et une mauvaise relation avec son entraîneur Ivan Lendl.
Le Grec Stefanos Tsitsipas, 21 ans, est un autre exemple d’un joueur qui éprouve des difficultés après avoir amorcé l’année en surprenant Roger Federer en huitième de finale des Internationaux d’Australie en route vers une participation au carré d’as, puis la conquête des titres à Marseille et à Estoril. Tsitsipas (7e) s’est hissé au cinquième échelon en août, mais a depuis perdu au tour initial de cinq de ses sept derniers tournois — y compris à Wimbledon, aux Internationaux des États-Unis et aux Masters 1000 de Montréal et de Cincinnati.
Depuis sa défaite de 7-6(6), 5-7, 6-4, 3-6 et 8-6 aux mains de Stan Wawrinka à Roland-Garros, il semble sans énergie et perdu.
Charismatique, talentueux et polyvalent, Tsitsipas espère que le succès qu’il a connu à la Coupe Davis la semaine dernière l’aidera à prendre un virage alors qu’il se dirige vers Genève pour participer à la Coupe Laver ce week-end.
Shapovalov a aussi connu un creux de vague après sa demi-finale à l’Open de Miami (Federer) en mars, mais il a récemment repris le dessus – accédant au carré d’as à Winston-Salem avant Flushing Meadows où il a produit de l’excellent tennis pour venir à bout de Félix Auger-Aliassime et de Henri Laaksonen. Il a également été remarquable contre Gaël Monfils au troisième tour, et n’a pas joué de chance après avoir servi pour la deuxième manche, tombant finalement 6-7(5), 7-6(4), 6-4, 6-7(6) et 6-3 contre le Français, 13e tête de série de l’épreuve.
Si Shapovalov (33e) réussit à poursuivre sur cette lancée après sa présence à la Coupe Laver au sein de l’équipe monde, il pourrait connaître un solide automne à compter du tournoi de Chengdu, en Chine, la semaine prochaine.
Si le déclin de Zverev et de Tsitsipas a été insondable, il est encore plus difficile d’identifier quelques championnes de Grands Chelems qui ont connu des moments difficiles.
Garbine Muguruza semblait partie pour la gloire lorsqu’elle a mis la main sur le trophée de Roland-Garros en 2016 grâce à un triomphe aux dépens de Serena Williams, puis en prenant la mesure de Venus Williams en finale de Wimbledon l’année suivante.
Mais dans ses huit tournois du Grand Chelem en 2018 et en 2019, l’Espagnole de 25 ans n’a atteint qu’une seule fois la demi-finale – l’an dernier, à Roland-Garros. Sinon, elle a perdu trois fois au deuxième tour en 2018 alors que cette année, elle est tombée au quatrième tour des Internationaux d’Australie et de Roland-Garros ainsi qu’au premier tour à Wimbledon et à Flushing Meadows.
Il y a deux ans, Muguruza occupait le sommet du classement de la WTA. Aujourd’hui elle est 26e et a perdu cinq matchs d’affilée depuis Roland-Garros.
Muguruza et l’entraîneur Sam Sumyk ont toujours semblé avoir une relation tumultueuse – caractérisée par son indifférence et quelques fois son hostilité à l’égard de Sumyk pendant ses interventions sur le terrain. Sumyk et Muguruza se sont séparés en juillet et elle s’entraîne maintenant avec l’ancienne joueuse espagnole Anabel Medina Garrigues.
Jelena Ostapenko, championne de Roland-Garros en 2017, a connu une chute encore plus spectaculaire. Après s’être hissée au cinquième rang en mars 2018, la Lettonne de 22 ans occupe aujourd’hui le 74e échelon du simple – ayant plus de succès en double comme le montre son 27e rang.
Menée par une manche de 3-1 en finale de Roland-Garros, Ostapenko a repris vie contre une Simona Halep nerveuse pour mettre la main sur sa seule couronne du Grand Chelem en des comptes de 4-6, 6-4 et 6-3.
Au cours des deux dernières années, Ostapenko a été éliminée au premier tour de Roland-Garros (Kateryna Kozlova et Victoria Azarenka) et n’a franchi qu’une seule fois le troisième tour d’un tournoi du Grand Chelem – participant au carré d’as de Wimbledon en 2018.
Cette année, elle est tombée au tour initial des trois premières épreuves du Grand Chelem avant d’accéder au troisième tour des Internationaux des États-Unis, perdant face à l’Américaine Kristie Ahn.
Muguruza a subi quelques blessures, mais Ostapenko est en forme et travaille fort, mais les résultats tardent à revenir.
Chez nous, Eugenie Bouchard est sur une séquence de 12 défaites consécutives et occupe maintenant le 152e rang mondial après avoir été cinquième en octobre 2014. Par contre, elle a eu quelques revers physiques, principalement des douleurs abdominales.
Tous ces déclins sont difficiles à comprendre. Tout peut être en cause, des distractions extérieures aux attentes irréalistes, en passant par les blessures et les douleurs de croissances chez les jeunes athlètes. La performance peut être affectée par des problèmes dans le jeu d’un joueur ou la dynamique de son style par rapport à celui de ses rivaux.
Peu importe l’explication, le récent succès de Daniil Medvedev est un exemple parfait que les choses peuvent changer rapidement. Le 28 août 2017, sur le Court 7 de Flushing Meadows contre Shapovalov, personne n’aurait pu imaginer que le Russe passerait à quelques points de remporter, deux ans plus tard, le trophée des Internationaux des États-Unis contre Rafael Nadal.
DES ÉLOGES POUR BIANCA
Bianca Andreescu a été acclamée pour son triomphe aux Internationaux des États-Unis par un large éventail de personnes et de groupes. La populaire émission quotidienne d’ESPN, Pardon The Interruption, présentait un collage de sportifs dans l’actualité en arrière-plan des co-animateurs Tony Kornheiser et Michael Wilbon. La semaine dernière, Andreescu apparaissait dans ce collage. On la voit ici à la gauche de Wilbon.
Andreescu a également reçu les éloges de Steve Nash, de la NBA. Lors de la Dirk Nowitzki Pro Celebrity Tennis Classic à Dallas, le week-end dernier, le Canadien a déclaré au sujet du triomphe d’Andreescu : « C’est incroyable. Je n’avais jamais vu un Canadien ou une Canadienne remporter un tournoi du Grand Chelem. De voir Bianca s’en sortir de cette façon, en jouant avec autant d’audace et de force mentale. C’est plaisant d’avoir une victoire canadienne dans un tournoi majeur, surtout de la façon dont elle a gagné. »
« Nous avons une belle brochette de jeunes Canadiens – Bianca, mais aussi Félix, Denis et les autres. C’est vraiment excitant d’être derrière nos joueurs de tennis. Voir Bianca émerger de la sorte cette saison a été incroyable. »
Photos de l’article : Mauricio Paiz