Il n’y a pas eu de raccourcis dans le parcours de Katherine Sebov au tennis. Jeudi, lors du dernier tour des qualifications des Internationaux d’Australie, elle a été récompensée pour tous ses efforts dans les ligues mineures en décrochant une place pour le tableau principal. C’est sa première présence dans une épreuve du Grand Chelem et elle a assuré sa place au grand tableau en prenant la mesure de la Suissesse Simona Waltert en deux manches de 6-4 et 6-3.
La Torontoise de 24 ans a fait ses débuts dans le classement de la WTA en 2015, à 16 ans, franchissant la barre du Top 300 deux ans et plus, mais n’a pas réussi à se hisser dans le Top 200 avant un autre cinq ans.
Et cela s’est produit avant ce mois-ci, car son gain aux dépens de Waltert lui permet d’accéder au 190e échelon.
« C’est le plus grand moment de ma carrière, a-t-elle mentionné après sa victoire. J’ai travaillé très fort et ce n’est pas facile de passer par les tournois de l’ITF et d’y rester un certain temps. J’ai vraiment dû m’atteler à la tâche… c’était très difficile par moments. Alors, être ici dans le tableau principal après m’être soumise aux qualifications et avoir battu de très bonnes joueuses, c’est vraiment un moment de réjouissance. »
La genèse de l’amélioration de son jeu remonte à l’automne 2022 lorsqu’elle a atteint la finale du Challenger Banque Nationale de Saguenay, au Québec, avant de participer aux quarts de finale d’un tournoi de catégorie 125 de la WTA à Midland, au Michigan, battant notamment la Chinoise Zhu Lin, 58e mondiale (qui est d’ailleurs l’adversaire de Rebecca Marino au premier tour du tableau principal des Internationaux d’Australie).
« Vers la fin de la saison dernière, j’ai obtenu quelques victoires contre une 80e et une 60e et cela m’a donné confiance. Même lorsque j’ai affronté Yulia Putintseva (46e) à Toronto (Omnium Banque Nationale), trois manches, cela m’a montré que j’étais à ce niveau. »
Le temps que Sebov a passé dans les tranchées du sport lui a donné de la perspective, et elle est devenue une joueuse qui réfléchit.
« Ma théorie est qu’il n’existe pas de matchs faciles. Les défis sont simplement différents quand tu joues contre la 1000e ou la 50e. Par exemple, quand tu participes à un tournoi de 25 000 $, tu t’attends à gagner, mais tu dois mettre ça de côté quand tu es sur le terrain. Tu dois t’adapter à tes adversaires, car elles joueront peut-être de façon moins conventionnelle, avec un rythme différent. L’opposition ici est beaucoup plus forte sur papier et dans la réalité, mais il y a des défis à relever contre n’importe qui. »
Selon Sebov, le défi contre Waltert était de « jouer mon jeu pour la bousculer. » Elle a ajouté, avec un grand sourire : « Je bouscule toujours un peu mes rivales et je les fais mal jouer. C’est un peu mon truc. C’était la clé, je suppose. »
Waltert était hésitante en début de match et s’est rapidement retrouvée en déficit de 0-40. C’est tout ce dont Sebov avait besoin pour conclure la manche 6-4 en 34 minutes.
Les deux premiers jeux du deuxième acte ont été très serrés. Le premier a produit huit égalités, Waltert remportant son service après 13 minutes. Le deuxième a nécessité quatre égalités et a duré huit minutes avant que Sebov ne le gagne. Elle a toutefois brisé la Suissesse pour faire 3-2 et anéantir les espoirs de Waltert.
Avec un tel enjeu, il n’est pas surprenant que les joueuses aient été nerveuses. Sebov a réalisé 15 coups gagnants et a commis 35 fautes directes, tandis que Waltert était à 18 et 48.
Grâce à cette victoire, Sebov est assurée de recevoir un chèque de 106 250 $ AUS (73 250 $ US). Quand on lui a demandé ce que cela représentait pour elle, elle a répondu : « J’essayais de ne pas penser à ça. C’est beaucoup d’argent pour moi — on ne gagne pas grand-chose sur le circuit de l’ITF et on dépense beaucoup plus d’argent que dans des tournois comme celui-ci.
« Mais ce n’est pas vraiment une question d’argent pour moi, c’est le jeu qui compte. Je ne me soucie pas vraiment de l’endroit où je joue, du niveau du tournoi. J’essaie toujours de faire de mon mieux et de m’amuser sur le terrain, peu importe le montant de la bourse. »
Au moment de cet entretien, Sebov ne connaissait pas l’identité de la joueuse qu’elle allait affronter au premier tour. Le tirage ne lui a pas fait de cadeau, car elle se mesurera à la Française Caroline Garcia, quatrième tête de série et championne des Finales 2022 de la WTA.
L’Ironie du sort est que la gagnante de ce duel livrera ensuite bataille soit à une autre Française, Alizé Cornet, ou à une autre Canadienne Leylah Annie Fernandez.
LES CONCLUSIONS DU TIRAGE
Quelqu’un a dit un jour que la chance la plus importante au tennis est celle que te donne le tirage au sort.
Cette affirmation sera sans doute vraie pour certains joueurs canadiens après la cérémonie de jeudi après-midi.
Du point de vue canadien, le match le plus difficile à analyser est celui opposant Félix Auger-Aliassime, 6e tête d’affiche, à son compatriote Vasek Pospisil, qui occupe actuellement le 94e rang. Sur papier, Auger-Aliassime doit être le favori, ayant atteint les quarts de finale des Internationaux d’Australie l’an dernier avant de s’incliner en cinq manches face au futur finaliste, Daniil Medvedev.
Pospisil n’a pas gagné un seul match au Melbourne Park depuis 2015. Auger-Aliassime possède une fiche de trois victoires et une défaite contre Pospisil, mais ce dernier a gagné leur plus récente rencontre 7-5 et 7-5 à Vienne, en 2020.
Ils sont dans la même moitié du tableau que le favori Rafael Nadal. Le gagnant de ce duel croisera le fer avec Stan Wawrinka (139e) ou Alex Molcan (54e). Stefanos Tsitsipas, 3e tête de série, pourrait attendre en quart de finale.
Denis Shapovalov fait également partie du haut du tableau. Son premier adversaire sera le Serbe Dusan Lajovic. Shapovalov a remporté leur seule rencontre précédente — 6-1 et 6-3 à Madrid, en 2021. Au troisième tour, Shapovalov, qui prend part aux Internationaux d’Australie pour la sixième fois, pourrait se mesurer à Hubert Hurkacz au troisième tour.
Dans l’ensemble, le tableau masculin ne comporte pas beaucoup de duels explosifs au premier tour — Matteo Berrettini contre Andy Murray pourrait en être un, mais probablement surtout en raison de l’attrait du Britannique. Le principal fait marquant est que Nadal et Novak Djokovic sont dans des parties opposées au tableau.
Si le tirage a été plutôt tendre envers Auger-Aliassime et Shapovalov, il ne l’a pas été, du moins sur papier, pour Leylah Annie Fernandez et Bianca Andreescu.
Il y a un an, Fernandez, qui n’était pas au sommet de sa forme, est tombée au premier tour contre l’Australienne Maddison Inglis. Cette année, elle amorcera son parcours face à la Française Alizé Cornet, qu’elle a vaincu 6-2 et 6-3 à Indian Wells, en 2021. Elle pourrait se mesurer à une autre Française, soit Caroline Garcia, 4e tête de série.
Il faudra que Fernandez trouve son meilleur niveau dès les premiers instants du tournoi. Il en va de même pour Bianca Andreescu, car elle sera opposée à la 26e mondiale, Marie Bouzkova. Andreescu possède une fiche de deux victoires et une défaite contre Bouzkova, mais la Tchèque a gagné leur plus récent duel — 6-7(9), 6-2 et 7-5 dans une épreuve de catégorie 250 à Melbourne, en 2021.
Au deuxième tour, Andreescu affronterait une joueuse issue des qualifications avant une rencontre possible avec la numéro un Iga Swiatek, qui devra composer avec l’Allemande Julie Niemeier au premier tour.
Rebecca Marino, qui en est à sa sixième présence à Melbourne depuis 2011, aura comme première adversaire la Chinoise Zhu Lin (95e) et pourrait ensuite faire face à la Suissesse Jil Teichmann ou à la Britannique Harriet Dart.
Le duel le plus intrigant du premier tour est celui entre les deux seules anciennes championnes du tableau, soit Victoria Azarenka (2012 et 2013) et Sofia Kenin (2020).
Plus tard, on pourrait assister à des luttes entre Américaines et Tchèques : Jessica Pegula contre Amanda Anisimova, et Petra Kvitova contre Barbora Krejcikova.